Habituellement réputée pour la douceur de son climat maritime et la beauté des montagnes qui l'entourent, Vancouver est depuis peu surnommée la «capitale canadienne des gangs» en raison de la vague de violence qui frappe la ville hôte des JO d'hiver de 2010.

Depuis le début de l'année, 14 personnes ont été assassinées dans la plus importante ville de la province de Colombie-Britannique, selon un décompte de la chaîne publique CBC, et les autorités craignent que Vancouver ne s'ajoute au nombre des villes nord-américaines théâtres de la guerre des gangs urbains. La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) n'est cependant pas encore en mesure de préciser le nombre de morts directement liées aux luttes entre groupes criminels, en raison de l'opacité entourant les gangs.

«Il y a plus de groupes criminels organisés dans cette partie du Canada que dans tout le reste du pays», s'est inquiété mercredi dernier le ministre canadien de la Sécurité publique, Peter Van Loan.

«Le plus inquiétant, c'est leur niveau de sophistication», a poursuivi le ministre, qui participera cette semaine à une réunion de crise à Ottawa entre les gouvernements canadien et britanno-colombien.

Deux fusillades survenues ce mois-ci en plein jour devant des supermarchés bondés ont fait monter d'un cran les inquiétudes des autorités, habituées à ce que les groupes criminels s'entretuent en toute discrétion.

De plus, l'assassinat d'une femme de 23 ans, tuée d'une balle alors qu'elle conduisait sa voiture avec son fils de quatre ans à l'arrière, laisse penser que les gangs ont décidé de s'attaquer aux membres des familles des groupes rivaux.

En effet, le mari de cette dernière était connu des services de police qui avaient saisi dans le passé une arme à feu dans son véhicule.

Et pour ajouter à cette ambiance de guerre civile, les enlèvements sont en hausse dans la métropole de l'ouest canadien.

Dernier cas en date: l'enlèvement d'un étudiant chinois de 18 ans, inscrit à la prestigieuse université de Colombie-Britannique. Les cinq ravisseurs, arrêtés vendredi lors de la libération du jeune homme, exigeaient le versement d'une rançon.

Selon Robert Gordon, spécialiste de criminologie à l'université Simon Fraser, si rien n'est fait pour enrayer le trafic de drogue, «davantage de corps vont s'empiler dans les rues».

Dans un rapport à un organisme provincial, M. Gordon a estimé que les autorités locales ont trois possibilités: lancer «une guerre contre le crime organisé», mettre en place une politique plus agressive de prévention de l'usage de la drogue y compris en légalisant la marijuana ou une combinaison des deux.

Les élus municipaux réclament pour leur part une législation plus sévère pour empêcher les remises en liberté conditionnelles pour les délits impliquant une arme a feu et un renforcement de la contrebande d'armes en provenance des États-Unis.

Bien qu'il n'y ait pas de liens directs avec la vague récente de meurtres, les autorités ont annoncé la semaine dernière que les coûts pour assurer la sécurité aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010 ont quintuplé par rapport à ce qui avait été prévu lors de leur attribution en 2003, pour atteindre 900 millions de dollars canadiens.

Plus des deux tiers de cette somme seront versés par le gouvernement canadien, le reste étant assumé par le gouvernement de Colombie-Britannique.