Ni les demandes de l'opposition, ni les manifestations, ni les appels dans les médias, ni les vidéos sur YouTube n'y changeront quoi que ce soit: Jacques Dupuis n'a pas l'intention de payer pour les avocats des deux jeunes blessés lors de l'incident qui a coûté la vie à Fredy Villanueva.

C'est un ministre de la Sécurité publique visiblement exaspéré qui a insisté en entrevue à La Presse Canadienne, lundi, sur le caractère exceptionnel de la décision de défrayer les honoraires des avocats de la famille du garçon tombé sous les balles policières le 9 août dernier dans un parc de Montréal-Nord.

«J'avais pris une première décision politique, au moment où le directeur des poursuites criminelles et pénales a annoncé qu'il ne porterait pas d'accusations contre les policiers, à l'effet qu'il y aurait une enquête publique qui aurait pour mandat d'étudier les événements du samedi soir, a-t-il rappelé. C'était une première décision politique.

Deuxième décision politique: au moment où la famille Villanueva a demandé que le gouvernement paie ses avocats, ce qui est une mesure exceptionnelle - dans les enquêtes du coroner, chacun paie ses avocats -, j'ai accepté, moi, par compassion, de payer les avocats de la famille Villanueva. Et l'enquête va procéder telle qu'elle doit procéder.»

L'enquête publique du coroner spécial Robert Sansfaçon débutera le 25 mai. Certains témoins menacent toutefois de refuser d'y participer, incluant les blessés et les Villanueva, justement parce que Québec ne se montre pas assez généreux à leur goût.

Si le Parti québécois estime qu'il serait raisonnable, compte tenu du contexte social, de donner aux deux blessés ce qu'ils demandent, il est hors de question pour le ministre de leur accorder les mêmes largesses qu'aux Villanueva.

«Parce que ces gens-là avaient perdu un fils, j'ai accepté par compassion de payer leur avocat, a répété Jacques Dupuis. C'est une mesure exceptionnelle et ça va rester comme ça.»

M. Dupuis ne semble d'ailleurs pas voir pourquoi cette question revient constamment.

«Le fait de payer ou non les avocats, c'est une question qui est secondaire. La question principale, c'est l'enquête publique. Elle est indépendante. Elle sera complète. Elle sera efficace. Et elle fera la lumière sur ce qui est arrivé le samedi soir», a-t-il fait valoir, avant de mettre fin abruptement à l'entrevue.