Parce qu'il retire encore une «certaine fierté» de ses années aux côtés du chef des Hells Angels Nomads Maurice Boucher, l'ancien policier Guy Lepage inquiète toujours les autorités carcérales.

Compte tenu de sa bonne conduite depuis son incarcération en 2001, la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a tout de même accepté d'alléger ses conditions de séjour en maison de transition.

 

Sous le coup d'une condamnation à 10 ans de pénitencier pour trafic de cocaïne à grande échelle entre les États-Unis et le Canada, Lepage, 61 ans, devrait normalement recouvrer sa pleine liberté dans quelques mois, aux deux tiers de sa peine.

En attendant, il demeure dans la maison de transition où il a suivi avec succès un programme de travaux communautaires entamé le 5 août 2008. «Ce travail vous a permis de développer une certaine empathie auprès des plus démunis et vous avez su leur prêter aide et dévouement», soulignent les commissaires, tout en le félicitant d'avoir consacré beaucoup plus d'heures que prévu dans ce projet touchant des personnes âgées.

Selon eux, Lepage a toutefois encore un peu de chemin à faire quant à sa réflexion sur ses valeurs criminelles. «Vous êtes volubile en entrevue et démontrez beaucoup de franchise à l'égard de votre passé. Cependant, on note que vous semblez retirer une certaine satisfaction de votre vécu et une certaine reconnaissance de l'image que vous avez longtemps véhiculée», de noter les commissaires de la CNLC.

Au passage, ils lui reprochent également d'avoir fait l'accolade à un de ses anciens comparses des Hells Angels, peu après son transfert dans une prison canadienne en 2005. De leur point de vue, ce comportement contredit le propos de Lepage qui soutient avoir complètement délaissé son ancien milieu, après son extradition aux États-Unis en 2002.

Si les commissaires se montrent aussi prudents dans le cas de Lepage, c'est que son dossier de motard est jalonné d'événements violents, dont des règlements de comptes, pour lesquels il n'a jamais été accusé.

De même, sa longue et loyale amitié avec Maurice Boucher ainsi que ses états de service au sein des Rockers de Montréal leur laisse supposer «une criminalité cachée beaucoup plus importante».

Chose sûre, en 1997 et 1998, il a aidé les Hells Angels, via les États-Unis, à faire entrer clandestinement 1600 kg de cocaïne à Montréal. Il est allé souvent en Colombie, où il a même servi de «caution humaine» en attendant la livraison des cargaisons de drogue. Il a aussi blanchi de l'argent pour le compte des Hells.