Une intervention policière aurait pu se terminer tragiquement quand un policier a frappé un suspect à la tête avec la crosse de son pistolet. Un coup de feu est parti, ne blessant heureusement personne. Mais peu importe: les deux policiers montréalais impliqués ont été blâmés par le Comité de déontologie policière pour avoir eu recours à une force plus grande que celle nécessaire.

L'intervention s'est déroulée à l'aube du 23 décembre 2003. Les policiers Éric Colas et Louis Sant, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), prennent en chasse dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve le chauffeur d'une camionnette dont le vol a été signalé. Le fuyard s'immobilise dans un cul-de-sac. Les policiers sortent de leur voiture, s'approchent avec leurs armes de service pointées vers le conducteur et lui crient de montrer ses mains. L'homme est agité, se déplace d'un siège à l'autre, verrouille les portières, brandit une paire de ciseaux, se lève vers l'arrière de la camionnette, et semble chercher quelque chose sous la banquette.

 

L'agent Sant fracasse la vitre côté conducteur afin, a-t-il expliqué lors des audiences, d'attirer l'attention du suspect. L'homme revient du côté conducteur mais ne coopère pas avec les policiers. L'agent Colas empoigne le suspect par le collet et le tire vers lui. L'homme appuie sur l'accélérateur - le moteur est encore en marche - mais ne peut atteindre le bras d'embrayage. Le policier lui donne un coup de poing, ce qui ne suffit pas à calmer le suspect.

L'agent Sant donne alors un coup de crosse de pistolet sur la tête du suspect. Un coup de feu retentit, le projectile percute le plafond et le suspect perd connaissance. Les policiers arrivent enfin à sortir le suspect de la voiture et à lui passer les menottes. L'homme sera examiné à l'hôpital - il n'a subi aucune fracture et a pu prendre congé le soir même.

État de panique

Après avoir analysé l'intervention policière et entendu les experts mandatés par la poursuite et la défense, le Comité de déontologie policière est d'avis «que la démesure s'est installée dès que les agents Colas et Sant sont sortis du véhicule de patrouille». «Ils ont agi rapidement, sans réfléchir et, en état de panique, ils ont fait des gestes excessifs» à l'endroit du suspect.

Par ailleurs, souligne le Comité, «le présent cas illustre très bien le danger de frapper un suspect avec son arme de service. Il y a eu un coup de feu et les conséquences auraient pu être tragiques».

Les sanctions à l'endroit des deux policiers seront connues ultérieurement.