Pour entrer aux Îles-de-la-Madeleine ou en sortir, il n'y a pas 56 routes: c'est l'avion ou le bateau. Et avec 13 126 insulaires, les chances de connaître le quatrième voisin du cousin de la coiffeuse du village d'à côté sont assez bonnes. Alors, forcément, lorsqu'un crime est commis, tout le monde sait qui l'a fait.

Ce qui ne rend pas la tâche plus facile à la quinzaine de policiers de l'archipel. «Les gens nous disent: «Vous le savez qui vend de la drogue!» Mais ce n'est pas suffisant, dit le lieutenant Jonathan Jauron de la Sûreté du Québec. On a besoin de preuves, de gens qui vont dire qu'ils ont vu du va-et-vient dans telle maison.» Mais personne, dit le policier, n'aime aller en cour pour témoigner contre son voisin.

 

L'implantation d'une ligne Info-Crime confidentielle en 2006 a permis d'aider les policiers, mais la délation reste une opération difficile dans une petite communauté.

Un petit milieu tricoté serré n'est pas un gage de totale sécurité non plus, dit le lieutenant Christian Plourde, directeur du poste de police de l'île d'Orléans, là où le taux est le plus bas au Québec. «Les meurtres commis par des inconnus sont extrêmement rares dans nos sociétés. D'un point de vue statistique, on a plus de risque de se faire tuer par la personne qui dort près de soi.» Le dernier homicide aux Îles-de-la-Madeleine remonte à 2003, lorsqu'un homme a abattu l'ami de son ex-conjointe. À l'époque, les Îles étaient en émoi puisqu'aucun homicide n'avait été commis dans l'archipel de mémoire d'homme.