La Commission de la santé et de la sécurité au travail a émis des constats d'infraction aux municipalités de Val-des-Monts et de Varennes en lien avec les décès de deux pompiers survenus à moins d'une semaine d'intervalle en mars 2008.

Les deux villes écoperont d'amendes allant de 5000$ à 20 000$. Le montant total sera déterminé par un juge de la Cour du Québec. Le décès du premier pompier, Mathieu Émond, survenu dans la nuit du 3 au 4 mars 2008 à Varennes, est en partie attribué à une « gestion des opérations de sauvetage déficiente » ainsi qu'à une mauvaise gestion des équipements de protection individuelle.

Alors qu'il combattait l'incendie dans le sous-sol d'une résidence familiale, le pompier de 26 ans a subitement manqué d'air. Par réflexe, il a retiré le masque de son appareil respiratoire autonome. Il s'est écroulé au sol quelques secondes plus tard. Plusieurs tentatives de sauvetage ont été faites, en vain. Les équipes de sauvetage n'étaient pas munies de l'équipement de sauvetage nécessaire et «n'ont pas communiqué entre elles», a expliqué en conférence de presse l'inspecteur Martin Provencal, qui a mené l'enquête pour la CSST.

Le corps du pompier a été retrouvé le lendemain matin.

Selon la CSST, avec un entrainement adéquat, le pompier n'aurait pas retiré son masque. « Ce que nous voulons, c'est briser ce réflexe, parce qu'en enlevant le masque, on retire notre barrière de protection », a indiqué M. Provencal. L'organisme exige de la municipalité qu'elle donne à ses pompiers une formation comprenant un volet sur l'ajustement et les manoeuvres à effectuer en cas de défaillance du dispositif de respiration individuel, en plus d'une formation sur le sauvetage.

Manque de bouteilles

L'autre pompier, André Manseau, âgé de 18 ans, est mort le 9 mars alors qu'il combattait le feu avec trois collègues dans le garage d'une résidence de Val-des-Monts. «Ils avaient reçu l'ordre de ne pas porter leur masque pour économiser le contenu de leur bouteille d'air comprimé », a indiqué l'inspecteur Doris Lacasse.

Lorsque le toit s'est effondré, le jeune pompier, une recrue qui n'avait toujours pas terminé sa formation de base, est resté pris sous les décombres, alors que ses collègues ont pu s'extirper par la porte du garage.

Son corps inanimé a été retrouvé 45 minutes plus tard. Son décès a été constaté à l'hôpital.

«Il manquait de bouteilles d'air comprimé, a précisé l'inspecteur Lacasse. Notre position, c'est que les responsables doivent exiger le port du masque sur tout le périmètre de la maison.»

La CSST, qui déplore la «supervision déficiente » des travailleurs à l'égard du port du dispositif respiratoire, note aussi que le garage, dont la structure était compromise, n'aurait jamais dû être utilisé pour combattre le feu.

Les municipalités de Val-des-Monts et de Varennes n'ont pas pu être jointes immédiatement pour commenter.