Le retentissant procès des ex-conjoints de fait opposant Lola à Éric s'est conclu en fin d'après-midi, hier, dans l'émotivité, les excuses, et par une décision surprise: l'avocate de Lola, Me Anne-France Goldwater a renoncé à participer à Tout le monde en parle.

La bouillante avocate devait se rendre à Radio-Canada, hier soir, pour participer à l'émission qui sera diffusée dimanche. Elle n'en avait pas parlé au tribunal. C'est Me Pierre Bienvenu, un des avocats de Monsieur, qui l'a mentionné à la juge Carole Hallée, en disant que c'était «une source d'inquiétude profonde », et que cette émission a « une cote d'écoute de deux millions.»

Me Goldwater a réagi en disant qu'elle y allait pour le «débat social» sur la reconnaissance des ex-conjoints de fait, et qu'il n'était pas question de potinage. Étant anglophone, elle ne connaissait pas l'émission. «On m'a assuré qu'il n'y aurait pas de discussions sur les faits de la cause. Parce que ça attire une attention malsaine. Je m'engage personnellement à ne rien dire sur les aspects personnels. On a un beau rôle à jouer dans la société... Je ne veux faire de tort à personne... Si vous trouvez que c'est trop risqué...» a-t-elle dit, avant de se mettre à pleurer.

«La seule réserve, a répondu la juge, vous connaissez votre code d'éthique. On ne peut pas normalement commenter un jugement qui est en délibéré.» Signalant qu'elle faisait du droit familial depuis longtemps, la juge a ajouté: «Ce qui me touche dans ce dossier-là, c'est qu'on épargne les enfants. Mon souhait le plus sincère, c'est que ces enfants-là aient été épargnés et le soient pour l'avenir.» La juge était manifestement au bord des larmes elle aussi. «Vous voyez comme on est fatiguées», s'est-elle justifiée.

Il est vrai qu'on a rarement vu un procès se dérouler à si vive allure, selon un horaire aussi spartiate. Le matin, l'audience débutait à 9h. Les pauses duraient à peine 10 minutes. Celle du dîner durait une heure, parfois moins, et la journée se terminait rarement avant 16h45. Les parties devaient ensuite lire des documents et préparer leur journée du lendemain. Me Goldwater et son associée, Marie-Hélène Dubé, affrontaient huit avocats, soit quatre pour Monsieur, deux pour le Procureur général du Canada, et deux pour le Procureur général du Québec. D'autre part, la grande médiatisation du dossier, la semaine dernière, a mis de la pression supplémentaire.

C'est non

Pour en revenir à Tout le monde en parle, en toute fin d'après-midi, hier, Me Goldwater a eu un long conciliabule en privé à ce sujet, avec Lola et les avocats de Monsieur. En sortant de cette rencontre, l'avocate s'était laissée convaincre de ne pas participer à l'émission, du moins pour le moment. «Le cas est trop important pour moi... On m'a convaincu que ce n'était pas le bon moment. Il y a trop d'énergie négative...», a fait valoir Me Goldwater.

La juge a trouvé que c'était une sage décision.

Après cela, Me Goldwater et Me Bienvenu se sont adressé des excuses mutuelles pour certaines réparties blessantes qu'ils s'étaient envoyées ces derniers jours. La juge a ensuite remercié tout le monde et mis l'affaire en délibéré. Elle espère rendre sa décision avant l'été, mais ne peut rien promettre.

Rappelons que Lola, qui a eu trois enfants avec un riche homme d'affaires du Québec, réclame une pension pour elle-même et une partie du patrimoine de Monsieur. En vertu du Code civil du Québec, Monsieur n'a aucune obligation légale envers elle, puisqu'ils n'étaient pas mariés. Il lui paie cependant une généreuse pension pour les enfants (35 000$) par mois, ainsi qu'une maison et de nombreux à-côté. Me Goldwater voudrait que les conjoints de fait qui résident ensemble depuis trois ans, ou un an s'ils ont un enfant, soient considérés au même titre que des gens mariés, lors d'une rupture.

Les avocats de Monsieur, et celui du Procureur général du Québec prétendent que cette question a déjà été réglée en Cour suprême. Ils rappellent que c'est pour offrir le choix aux gens, que le Code civil est ainsi rédigé. Le procureur général du Canada soutient pour sa part qu'il n'a pas à se mêler de ce débat, qui est de compétence provinciale.