La cause opposant un riche homme d'affaire à son ex-femme d'origine brésilienne a fait couler beaucoup d'encre (et de salive) cette semaine. Au centre de la controverse, l'avocate de «Lola», Me Anne-France Goldwater. Une avocate colorée, forte en gueule, qui a un faible pour les causes très médiatisées. Disons qu'elle a été bien servie cette semaine. Mais qui se cache sous cette toge?

Anne-France Goldwater, 48 ans, est issue d'une famille de juristes. Son père était avocat et sa mère, morte alors qu'elle n'avait que 7 ans, a été la première femme reçue au Barreau au Québec. Après avoir fréquenté l'école secondaire de Westmount, puis le cégep Dawson, Anne-France Goldwater, une élève surdouée, entre à la faculté de droit de McGill à l'âge de 17 ans.

 

Me Julius Grey a été, à cette époque, son professeur. «Elle était intelligente et surtout, non conformiste. Elle avait des idées très progressistes pour l'époque. Des idées ultra-libérales. Elle était bien avant son temps.» Me Grey a toujours gardé contact avec son ancienne élève.

Il constate, 30 ans plus tard, que ses idées non traditionnelles ont fait leur chemin. notamment dans le cas du mariage gai. C'est Me Goldwater qui a obtenu le premier jugement favorable au mariage gai, dans la cause de Michael Hendricks et René Leboeuf. «C'est une contribution majeure à la jurisprudence canadienne», dit Julius Grey. L'avocate a également défendu jusqu'en Cour suprême un homme qui refusait de consentir au divorce qu'un tribunal rabbinique avait accordé à sa femme.

Michael Hendricks se souvient de l'efficacité redoutable de son avocate devant le juge: cette grande femme forte est un pitbull, résume-t-il. «En Cour, elle est impeccable. Sa recherche est brillante et elle a un bel humour. Elle a de la gueule et ne lâche jamais. Elle est prête à tout.»

Prête à tout, comme revêtir des décolletés vertigineux ou des chaussures à talons de cinq pouces devant le juge, ou alors des souliers de course et des chaussettes saumon à motifs de petit castor, comme elle l'a fait au tribunal cette semaine.

D'autres soulignent cependant ses fréquentes colères et sa manie de tout régenter. «Nous voulions avoir un mot à dire dans notre défense. Pour elle, c'était impensable», raconte un ancien client. Il fallait l'entendre cette semaine, à l'émission de Paul Arcand, trépigner au bout du fil en entendant sa cliente aligner maladroitement les arguments.

«Les conjointes de fait, ce sont les nouvelles orphelines de la société québécoise», a-t-elle lancé à l'animateur au terme d'une tirade enflammée. «La seule valeur d'une femme, c'est d'être une vache. Elle n'a de valeur que lorsqu'elle produit des veaux.»

Malgré ce caractère de feu, Me Goldwater ne manque pas d'humour. Sur sa page Facebook, elle se décrit comme une «anarchiste» au plan des opinions politiques et comme une «hérétique» au plan religieux. Nous lui avons écrit un courriel pour lui demander une entrevue cette semaine. Sa réponse, qui est arrivée le jour même à minuit, porte un titre qui parodie le nom donné par les médias à sa cliente. Objet du courriel: «Lol (it) a»!