Elle est très belle, et veut beaucoup d'argent. Il est très riche, et n'a jamais voulu se marier, a-t-il affirmé hier. Résultat: un procès ultramédiatisé qui se poursuit au palais de justice de Montréal, à la grande joie des potineurs. Or la saga qui oppose une conjointe de fait à son richissime ex-compagnon soulève, au-delà de l'anecdote, d'importantes questions de fond sur les droits - ou leur absence - des conjoints, selon qu'ils sont mariés ou pas.

C'est par choix personnel, parce qu'il «ne croit pas à l'institution du mariage», qu'un riche homme d'affaires ne voulait pas épouser sa compagne. Et aussi parce qu'il ne voulait pas mettre son entreprise en péril.

 

«Mon entreprise était en pleine croissance. Je ne voulais pas la mettre en danger en me retrouvant en cour», a dit monsieur, hier, alors qu'il témoignait dans le cadre du procès que lui intente - de toute façon - cette ex-conjointe. Surnommée Lola par les médias, la femme de 34 ans aspire à obtenir des millions pour elle-même, en plus de la pension de 420 000$ nets d'impôts qu'elle reçoit pour la garde partagée des trois enfants qu'ils ont eus ensemble. Brésilienne d'origine, elle poursuit aussi monsieur dans ce pays d'Amérique du Sud, afin d'obtenir le partage de ses biens là-bas.

Monsieur assure qu'il a toujours été disposé à aider madame. S'il n'y a pas eu d'entente, c'est qu'il trouve ses demandes excessivement exagérées. Selon les dires de monsieur, Lola l'a relancé par téléphone lundi matin, juste avant que ne débute le procès, alors qu'il se trouvait outre-mer pour affaires. Elle lui aurait demandé s'il voulait bonifier son offre, pour éviter le procès.

«Elle a toujours menacé de m'amener sur la place publique. J'ai dit: tu as eu toutes les opportunités pour régler. On est rendu là», a répondu monsieur.

D'entrée de jeu, à la barre hier matin, monsieur a fait valoir qu'il ne voulait pas jouer le jeu de Lola, et faire le «lavage sale de notre vie privée». Il se préoccupe avant tout de la protection de leurs enfants, dit-il. «Mais je vais devoir rectifier certains faits.» Entre autres, il a dit que madame ne l'avait jamais sauvé lors de surdoses de drogues comme elle l'a prétendu. «C'est pure invention. Je n'ai jamais fait d'overdose de ma vie», a-t-il dit.

Il confirme avoir connu Lola sur une plage du Brésil, le premier de l'an 1992. Elle avait 17 ans, il en avait 32. Il a eu le coup de foudre, admet-il. Ils se sont revus au carnaval de Rio, puis environ huit fois par année ensuite jusqu'en 1994. En janvier 1995, Lola est venue habiter au Québec avec lui. Mais dès cet été-là, ils se sont disputés, et monsieur a voulu qu'ils prennent un temps de réflexion chacun de leur côté. Il est parti seul en voyage avec des amis. Mais Lola l'a cherché, d'abord en Italie, puis a fini par le trouver dans un hôtel de Berlin. Avec une autre femme. «Ma façon de réfléchir m'appartient», a-t-il dit, hier.

Amour et passion

Monsieur affirme que leur relation en a été une d'amour et de passion, avec des hauts et des bas. Ils se quittaient et reprenaient dans l'espoir que ça fonctionne. À travers cela, ils ont eu trois enfants, entre 1996 et 2001. Hormis quelques tentatives pour être mannequin avant la naissance du premier, Lola n'a jamais travaillé, et n'a jamais manifesté non plus le désir de le faire. Monsieur payait tout, et elle disposait de cartes de crédit à volonté. Elle accompagnait monsieur dans ses voyages quand elle le désirait. Il aurait apprécié qu'elle soit plus autonome et l'aurait aidée, si elle en avait manifesté le désir. Mais cela ne s'est pas produit.

Lola était jalouse et critiquait monsieur, sa manière de vivre et ses amis. Il a mis fin à la relation en octobre 2001. Il raconte avoir payé un avocat à Lola pour discuter des modalités de séparation. Elle exigeait la garde des trois enfants, et voulait partir au Brésil avec eux. Monsieur ne voulait pas. En 2002, elle a intenté des procédures, qui durent maintenant depuis sept ans. Elle a eu quatre conjoints après lui, dont Herbert Black, qui paie les factures d'avocat de madame depuis 2006.

En contre-interrogatoire, Me Anne-France Goldwater, a exhibé des photos de sa cliente (Lola) à 17 ans, pour démontrer qu'elle était «à peine sortie de l'enfance», lorsqu'il l'a connue. «Quelle était votre perception de sa maturité?» a-t-elle demandé.

«Elle portait des talons hauts, des robes sexy, elle sortait dans les discothèques jusqu'aux petites heures du matin à boire et faire la fête. Elle était là avec ses soeurs (dans cette ville), sans les parents. Elle avait un copain qu'elle embrassait avec des french sur la place publique... C'était ça ma perception de sa maturité», a-t-il répondu, du tac au tac.

Pendant toute la durée de leur relation, monsieur n'a jamais voulu se marier, et cela a toujours été clair, assure-t-il. Une fois, lors du passage à l'an 2000, ils en ont parlé brièvement, en farce, précise-t-il. La date aurait été le 1er avril.

«Le mariage, ce n'est pas ma cup of tea. J'ai une opinion là-dessus depuis que je suis jeune adulte... Mais mis à part le fait que j'ai les deux pieds dedans, je trouve le débat intéressant», a-t-il dit à propos du débat sur les conjoints de fait. «On essaie de m'amener sur ce chemin-là. On veut me faire payer alors que je ne suis coupable de rien», a-t-il ajouté.

Quand Me Goldwater est entrée dans la cause en 2005, elle a proposé par lettre à monsieur de régler la partie des frais alimentaires, mais de poursuivre quand même la cause sur la reconnaissance des conjoints de fait. Selon elle, c'était une offre «win-win» pour les deux parties, car monsieur aurait été un héros, en faisant avancer la cause des femmes et des enfants. Elle n'a jamais eu de réponse à cette lettre.

«Une lettre qui suggère de passer 10 ans en cour avec Me Goldwater ne me semblait pas un scénario attrayant», a rétorqué Me Pierre Bienvenu, avocat de monsieur.

Enfin, invité à décrire ce que Lola représentait maintenant pour lui, monsieur a répondu: «C'est mon ex-conjointe et la mère de mes trois enfants.»