Un vêtement à 10 000$ lors d'une escapade à Paris, les restos, le coiffeur... Ça coûte cher quand on est habituée à rouler grand train. Voilà pourquoi l'ex-conjointe de fait d'un richissime homme d'affaires réclame 56 000$ par mois de pension alimentaire pour elle-même.

C'est ce qui se dégage de la réponse que Lola (nom fictif) a donnée en Cour supérieure, hier, quand l'avocat de son ex-conjoint, Me Pierre Bienvenu, lui a demandé d'expliquer pourquoi elle demandait une telle somme. Lola ne la trouve pas exagérée. Elle calcule que c'est même moins que ce qu'elle dépensait du temps où elle vivait avec monsieur, soit de 1995 à 2001. La beauté brésilienne a eu un peu plus de mal à expliquer pourquoi elle demandait, en plus de cette pension mensuelle, une somme de 50 millions de dollars. «Je ne savais pas comment déterminer un montant. Mes avocats m'ont suggéré cette somme, qui représente 1 ou 2 % de sa fortune», a-t-elle répondu.

Questionnée sur son désir d'avoir un hélicoptère, Lola a admis qu'elle avait déjà songé en acheter un, et voulu prendre des cours pour le piloter. Elle en avait parlé à son ex-conjoint. Manifestement, celui-ci n'a pas trouvé l'idée géniale.

Leur relation s'est terminée en octobre 2001. De 2004 à 2006, Lola a ensuite fréquenté un autre très riche homme d'affaires du Québec pendant deux ans. Me Bienvenu voulait ainsi démontrer que la vie continue après une séparation. Par ailleurs, il a beaucoup insisté pour que la femme de 34 ans trouve ses factures d'avocats et les apporte devant le tribunal. Hier, elle ne les avait pas trouvées, et devait les chercher encore hier soir. Ces fameuses factures s'élèveraient à un million de dollars jusqu'à présent, dont 500 000$ en frais d'experts. On avait même prévu des experts pour qu'elle soit dépeinte favorablement dans les médias... Ceux-ci n'auraient finalement pas été embauchés.

Lola demande que son ex-conjoint lui rembourse ses frais d'avocats. Depuis 2006, c'est Herbert Black, riche homme d'affaires et mécène à ses heures, qui paie les avocats de Lola, par «bonté de coeur». Mais Lola prévoit le rembourser si elle gagne sa cause.

Rappelons que si Lola gagne, cela changera la donne pour tous les conjoints de fait du Québec. En vertu du Code civil, ceux-ci n'ont pas d'obligation quand il y a rupture. Si Lola avait été mariée, elle aurait droit à une partie du colossal patrimoine de son ex-conjoint. Actuellement, elle doit se contenter d'une pension de 435 000$ net d'impôts par année (sans compter la maison et autres frais tout payés) pour les trois enfants qu'elle a eus avec monsieur.

Un prétexte pour les avocates

À la fin du contre-interrogatoire de Lola, Me Anne-France Goldwater, qui a pris la parole pour le reste de la journée. La cause de Lola est le prétexte pour débattre du statut juridique de tous les conjoints de fait. Me Goldwater considère que le Québec doit se mettre au diapason de la société, qui a changé. Aujourd'hui, c'est une minorité de gens qui se marient, et 62% des enfants sont issues de l'union de conjoints de fait. La notion de célébration du mariage est dépassée. Dans toutes les autres provinces canadiennes, les droits des conjoints de fait sont reconnus comme s'ils étaient mariés.

«Ce qu'on demande est très conservateur, explique l'autre avocate de Lola, Me Marie-Hélène Dubé. On demande qu'une union d'un an avec enfant ou de trois ans sans enfant soit reconnue au même titre qu'un mariage.»

Le procès se poursuit aujourd'hui devant la juge Carole Hallée.