Poursuivi pour des histoires d'attouchements sexuels sur deux anciennes joueuses de haut niveau, le réputé entraîneur de tennis montréalais Yann Rapini retournera devant le tribunal le 15 mai prochain pour les plaidoiries sur sentence. Les premiers crimes pour lesquels il s'est reconnu coupable remontent à 10 ans déjà, alors que les deux victimes étaient encore mineures.

Après son arrestation en février 2008 par la police de Longueuil, Rapini, 36 ans, a été mis en liberté sous conditions en Cour du Québec. Silencieux et comme abattu depuis le début du processus judiciaire, il est passé aux aveux le 4 décembre dernier, devant la juge Ellen Paré. D'un commun accord, les avocats de la poursuite et de la défense ont choisi de prendre connaissance de rapports «comportemental et d'évaluation sexologique» auxquels doit se soumettre l'accusé avant de plaider la sentence.

 

Rapini a enregistré des plaidoyers de culpabilité à deux chefs d'accusation d'avoir fait des attouchements sexuels sur deux mineurs de moins de 17 ans, alors qu'il était une personne en autorité. Il est passible de 5 ans de pénitencier. Selon la dénonciation déposée au palais de justice de Longueuil, un premier cas s'est étalé sur plus d'un an, du 15 août 1998 au 31 décembre 1999, à Brossard, Candiac et en Saskatchewan, lors des Championnats canadiens, cependant que l'autre est survenu à une seule occasion, à l'été 2005, lors d'un tournoi provincial junior, à Trois-Rivières.

Entraîneur de longue date au Club sportif Longueuil, Yann Rapini a été nommé entraîneur de l'année par Tennis Québec en 1996. Il a dirigé les équipes juniors du Québec aux Championnats canadiens à quelques reprises au cours de sa carrière. Plusieurs de ses anciens élèves ont décroché des bourses d'études sur le circuit universitaire de la NCAA, aux États-Unis. Son plus célèbre protégé est l'ancien joueur professionnel Philip Gubenco, qui a atteint le 519e rang en simple au classement de l'ATP. Chez les juniors, il a été classé quatrième au monde en double. Il a même gagné deux tournois juniors avec l'Américain Andy Roddick, futur numéro un mondial.

Aujourd'hui directeur des opérations de la Clinique de physiothérapie du Parc olympique. Yann Rapini a quitté l'enseignement du tennis à la fin de l'été 2007, alors qu'il avait son école au centre de villégiature Gray Rocks, à Mont-Tremblant. C'est à ce moment que les rumeurs ont commencé à circuler dans les milieux du tennis, et qu'une plainte avait été transmise à la police.

«On ne s'est jamais douté de rien, on a été informé par les plaignants. Dès que les accusations criminelles ont été déposées, on a voulu prendre action, mais la Couronne nous a demandé de tout mettre sur la glace pour ne pas nuire à la cause», a déclaré, hier, le directeur général de Tennis Québec, Jean-François Manibal. Même si Rapini n'agit plus comme entraîneur, il sera bientôt convoqué devant le Comité de discipline de l'organisme provincial, qui pourrait alors le bannir à vie du tennis.