En attente de sa sentence pour des importations massives de cocaïne cachée dans des lingots d'aluminium, l'homme d'affaires et ancien policier Richard Sanschagrin jure qu'on ne le reprendra plus à tremper dans le crime quand il sortira de prison. Déjà millionnaire grâce à ses placements immobiliers et la vente de tableaux d'art, il soutient s'être laissé entraîner par simple appât du gain.

«L'occasion fait le larron. C'est venu de même, j'ai embarqué tête baissée, sans penser aux conséquences (si ça tournait mal)», a-t-il dit, tout en affirmant être un ami de longue date du vieux caïd Yvan Cech, un négociant en cocaïne qui a ses assises en République dominicaine. Il connaissait aussi très bien l'homme d'affaires de Québec, Tommy Nittolo (il attend de subir son procès) et Alain Baril, qui a trahi tout le monde en se mettant au service de la police à la suite de son arrestation le 26 août 2005.

Sanschagrin était en quelque sorte responsable de la logistique au sein du réseau mis sur pied par Yvan Cech. Il s'occupait du transport de la drogue colombienne expédiée par bateau depuis le Venezuela. Il se servait de la compagnie de Nittolo pour faire venir à Québec les lingots contenant la poudre blanche. Celle-ci était ensuite entreposée, avant d'être généralement remise à des trafiquants associés aux Hells Angels, dont Mario Brouillette, du chapitre de Trois-Rivières.

«J'ai fait une erreur et je l'assume, mais je ne recommencerai plus jamais», a-t-il dit, hier, au juge Guy Cournoyer, qu'il veut à son tour convaincre de lui créditer en triple, plutôt qu'en double, les longs et pénibles mois de détention préventive qu'il aura passé en prison au moment du prononcé de sa sentence, le 20 janvier prochain. Son compagnon de cellule et coaccusé Atilio Martinez, 46 ans, le gendre d'Yvan Cech, avait fait de même en début de semaine. Quant à Cech, 65 ans, qui a lui aussi tout avoué devant le tribunal, il connaîtra son sort le 20 février.

À l'instar de Martinez, Sanschagrin s'est plaint devant le juge de ses piètres conditions de vie dans les quartiers de haute sécurité de toutes les prisons où il a été gardé depuis le 11 mai 2006. À la prison commune de Québec notamment, où il a séjourné du 6 juillet 2006 au 13 novembre 2007, il soutient avoir vécu l'enfer. «Je me suis retrouvé à l'infirmerie en compagnie d'une trentaine de détenus, tous fumeurs, mais aussi plusieurs psychiatrisés de léger à lourd. C'est très humiliant et surtout très difficile sur le plan psychologique de vivre avec ce monde-là», a-t-il noté devant le tribunal.

Véritable maniaque du travail dans la vie courante, Sanschagrin a surtout trouvé très pénible d'être forcé à l'oisiveté pendant de longs moments. Comme Martinez, il a passé des semaines sans pouvoir sortir de sa cellule pendant plus d'une heure. Même s'il ne s'est jamais plaint à quiconque, il comprend mal, si ce n'est la publicité autour de son nom, que les autorités l'aient gardé «en protect», puisqu'il y a déjà 35 ans qu'il n'est plus dans les forces de l'ordre. Il a porté l'uniforme de la Sûreté du Québec et de la police de Sainte-Foy au tout début des années 70.