Pour une histoire de vol de brevet d'invention de machinerie agricole, Julie Beaudin a vécu l'enfer. La jeune femme a été enlevée, séquestrée, en plus de subir divers sévices aux mains de ses ravisseurs pendant cinq jours en août 2007 en Montérégie.

Le récit des événements est sordide et rempli de rebondissements tel que raconté par le conjoint de la victime, André Mercier. L'homme de 35 ans a rendu un vibrant témoignage, hier, à l'ouverture du procès de Pierre Jr Brais et de sa soeur Caroline Brais accusés de l'enlèvement et de la séquestration de Mme Beaudin.

André Mercier était la cible des ravisseurs dans leur plan initial. Et non pas Julie Beaudin. Les malfaiteurs voulaient l'enlever et obtenir une rançon de son frère, Pierre Mercier. L'accusé, Pierre Jr Brais, aurait été congédié par ce dernier et se serait senti lésé dans une affaire de brevet. Or, «il y a eu du sable dans l'engrenage», a expliqué la procureure de la Couronne, Andrée Vézina, dans son exposé d'ouverture. Ce procès se tient devant juge et jury à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Les frères Mercier sont copropriétaires de l'atelier d'usinage et de soudure Makamétal, situé dans cette ville de la Montérégie. Julie Beaudin y travaille comme designer graphique. Le 15 août 2007, André et Julie rentrent à la maison après le travail. Leur résidence est isolée au fond d'un rang à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Le couple est à peine sorti de son véhicule que deux hommes cagoulés surgissent de derrière un cabanon. M. Mercier sera tabassé, ligoté, drogué et aspergé de gaz poivre. «J'ai eu la peur de ma vie», a-t-il confié, hier. Si peur qu'il a uriné dans son pantalon. Une fois à l'intérieur de la maison, les ravisseurs exposent leur plan au couple.

Des secours

Pour une raison que M. Mercier ignore encore aujourd'hui, il a échappé quelques minutes à la surveillance des deux hommes. Cela lui a suffi pour se défaire de ses liens et trouver refuge chez son voisin où il a appelé le 911. «J'étais conscient que je laissais ma femme sur les lieux, mais je devais appeler les secours», a-t-il dit.

Même s'il n'a pas vu son visage, M. Mercier est certain que Brais, 34 ans, est l'un de ses ravisseurs. Brais sortait de prison. De plus, les frères Mercier ont eu gain de cause en cour contre lui dans une cause de propriété intellectuelle concernant la fabrication de machinerie agricole. L'autre ravisseur est Gabriel Lafleur, selon la théorie de la Couronne. Conjoint à l'époque de Mme Brais, M. Lafleur sera jugé séparément.

Dans les premiers jours de la disparition de Mme Beaudin, André Mercier est considéré comme le principal suspect des enquêteurs de la Sûreté du Québec. C'est qu'il n'y a pas d'autres témoins de l'enlèvement. Et la demande de rançon n'a jamais été acheminée, a expliqué un policier venu témoigner, hier. La police finira par découvrir que Mme Beaudin est séquestrée chez Caroline Brais à Longueuil. Pendant tout ce temps, la victime doit porter un bandeau sur les yeux. La nuit, elle est liée par la cheville à l'aide d'une attache de nylon à son ravisseur, Pierre Jr Brais.

Le témoignage d'André Mercier se poursuit aujourd'hui. Son frère Pierre, sa conjointe Julie Beaudin et Gabriel Lafleur témoigneront aussi lors du procès qui devrait durer trois semaines.