Au cours de l'émeute de Montréal-Nord en août dernier, le Service de police de la Ville de Montréal a tardé à déployer son groupe d'intervention (GI) spécialisé dans le contrôle des foules violentes laissant ainsi la situation s'envenimer entre policiers et manifestants.

C'est du moins ce que les policiers patrouilleurs qui étaient en première ligne cette nuit-là ont dénoncé à leur syndicat, la Fraternité des policiers et policières de la Ville de Montréal. La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) enquête sur la question.«J'ai rencontré une dizaine de policiers présents ce soir-là. Ils m'ont tous dit que le GI n'a pas été déployé assez rapidement», indique le vice-président à la prévention de la Fraternité, Robert Boulé.

Ce serait une question d'image publique selon la Fraternité. «On comprend que le maire de Montréal et le chef de police ne veulent pas voir aux nouvelles télévisées le GI, avec son équipement imposant. La ville pourrait avoir l'air d'être violente. C'est une préoccupation légitime, mais ce n'est pas la nôtre. C'est la santé et la sécurité au travail qui nous intéresse», ajoute le responsable des communications de la Fraternité, Martin Viau.

Dans la nuit du 10 au 11 août, des manifestants ont incendié des véhicules et saccagé des commerces à Montréal-Nord pour dénoncer la mort du jeune Fredy Villanueva, tué la veille lors d'une intervention policière dans un parc du quartier. Une policière a été blessée par balle à une cuisse et une dizaine d'autres ont subi un choc post-traumatique.

Équipement «léger»

Les policiers patrouilleurs sont munis d'un équipement «léger» de contrôle de foule, soit un bâton et un casque. Les membres du GI sont mieux équipés et mieux formés. Or, durant les trois dernières manifestations organisées par le Collectif opposé à la brutalité policière, l'émeute du Centre Bell et celle de Montréal-Nord, les agents étaient en première ligne alors que le GI tardait à être déployé, déplore le syndicat.

«Peut-être vaudrait-il mieux avoir l'air un peu plus ferme au début de l'événement, et ainsi contribuer à ce que la manifestation ne dégénère pas, plutôt que d'attendre et d'exposer des policiers mal équipés à des risques inutiles», conclut M. Boulé, de la Fraternité.

Réplique des autorités

Le SPVM réfute l'argument de l'image publique. «Ce n'est pas du tout une question d'image. La mobilisation du GI nécessite un certain temps. Cette équipe doit revêtir un équipement particulier et se déplacer sur les lieux. Dans les circonstances, nous considérons que le GI est intervenu dans un délai raisonnable dans Montréal-Nord», explique l'inspecteur-chef Sylvain Lemay de la division Planification stratégique du SPVM. Le corps policier promet de travailler de concert avec la CSST pour améliorer ses méthodes si nécessaire.

Le rapport de la CSST est attendu d'ici le mois de mars. «Il y aura fort probablement des recommandations quant à l'équipement de protection individuelle des policiers», souligne sa porte-parole, Alexandra Reny.

Ce rapport d'intervention n'est pas une enquête exceptionnelle, tient-elle à préciser. Quatre rencontres ont eu lieu l'automne dernier entre la CSST et un représentant choisi conjointement par le syndicat et la direction du SPVM.