Deux jours seulement après son arrestation, l'armurier Charles-Michel Vézina a plaidé coupable aux cinq accusations qui pesaient contre lui, relativement à la fabrication d'armes à feu, cet après-midi, au palais de justice de Montréal. Sa conjointe, Huguette Cadorette, a été remise en liberté.

Cet empressement à plaider coupable devrait bénéficier à Mme Cadorette, puisque de toute évidence, elle sera acquittée. C'est M. Vézina lui-même qui a fait cette proposition à la Couronne.

L'arrestation de M. Vézina, 61 ans, survenue mercredi, était l'aboutissement d'une enquête amorcée en janvier dernier par la Sûreté du Québec, à la suite d'informations reçues du Bureau of Alcohol Tobacco, Firearms and Explosives, des États-Unis. En fait, M. Vézina avait attiré l'attention sur lui en achetant beaucoup de pièces d'arme à feu. Un commerçant avait aussi été intrigué par sa grande connaissance des armes, incluant leur fabrication et les règles les concernant au Canada, aux États-Unis et en France. M. Vézina prétendait faire des lampes en forme d'arme.

Quoi qu'il en soit, les policiers ont tissé un filet pour prendre Vézina. Ce n'était pas facile, car il exécutait toutes sortes de manoeuvres de contre-filature quand il sortait de chez lui. Pendant les onze mois de l'enquête, il a loué quatre ou cinq locaux, qui lui servaient d'atelier. Lors des perquisitions, les policiers ont notamment trouvé trois armes fonctionnelles, beaucoup de munitions, des silencieux et des chargeurs artisanaux.

M. Vézina avait déjà été condamné deux fois dans le passé, pour la fabrication et la vente d'armes. En 1998, il avait écopé 34 mois pour la vente d'armes prohibées. Une fois sorti de prison, il a recommencé et a été réarrêté. En 2001, il a plaidé coupable en plein milieu de son procès et a écopé 63 mois. Il est sorti de tôle trois ans plus tard. M. Vézina est le concepteur des armes qui ont servi aux attentats contre le syndicaliste André (Dédé) Desjardins et le journaliste Michel Auger. Il fut aussi le fournisseur des Hells Angels pendant la guerre des motards.