À quelques jours de son renvoi vers Haïti, Jean Huguens Pierre, 21 ans, pourrait avoir trouvé un moyen pour stopper son expulsion et faire réévaluer son cas.

C'est en tout cas ce que souhaite l'avocate du jeune homme, Me Marie-Hélène Giroux, après avoir reçu ce qu'elle considère comme un signe très encourageant du Comité contre la torture du Haut-Commissariat des Nations unies. «J'ai écrit au Comité et j'ai reçu une réponse positive. Ils acceptent le dossier et demandent au Canada de surseoir à la mesure de renvoi «, se réjouit l'avocate.Me Giroux, qui s'occupe souvent de ce type de dossier, en était à son premier contact avec le Comité contre la torture, à Genève. Elle l'a fait après avoir épuisé les autres recours. Elle craint que Pierre, soupçonné de faire partie d'un gang de rue à Montréal (les Rouges), subisse un mauvais sort s'il retourne en Haïti. «Jean-Yves Brutus a été expulsé le 26 novembre et, depuis, on est sans nouvelles. Personne n'a réussi à le joindre», dit Me Giroux, à propos de cet autre client.

 

En ce qui concerne Jean Huguens Pierre, son expulsion a été ordonnée parce qu'il est jugé indésirable au Canada, malgré son statut de résident permanent. Arrivé au pays à l'âge de 12 ans avec sa mère, en 1999, il a vite sombré dans la délinquance. Il a accumulé les condamnations devant le Tribunal de la jeunesse. À sa majorité, il s'est retrouvé accusé à quelques reprises mais a été acquitté. Sa chance a tourné en janvier 2006, quand il a été arrêté pour trafic de crack. Le 29 novembre 2007, il a plaidé coupable à cinq chefs d'accusation de trafic de drogue dans ce dossier et a écopé de sept mois de prison, qui venaient s'ajouter à presque 20 mois francs de détention préventive. Il n'est jamais ressorti de prison depuis, même s'il a fini de purger sa peine.

Après étude de son cas, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a décidé de l'expulser. Cela devait être fait en juillet dernier, mais Pierre a obtenu un sursis, sans toutefois retrouver la liberté. Sa mère se disait prête à le reprendre et à le surveiller, mais elle a manifestement bien peu d'autorité sur son fils, si l'on se fie au parcours judiciaire du jeune homme. Il est présentement détenu à Rivière-des-Prairies.