Au terme d'un procès de plus trois mois, mais après une seule journée de délibérations, le jury a déclaré Johanes Winton, coupable de deux meurtres prémédités, mercredi après-midi, au palais de justice de Montréal.

Les victimes, Patrick Merlin, 25 ans, et son amie de coeur de longue date, Audrey-Ève Charron, 23 ans, ont été abattus dans une voiture, dans la ruelle située entre la 2e et 3e Avenue, à Verdun, en début de nuit, le 15 mars 2004. Le crime, planifié depuis au moins un mois, visait à tuer Merlin pour éliminer une dette de drogue. Mme Charron, qui n'avait rien à voir dans cette transaction, a été tuée simplement parce qu'elle était là. Tout au long du procès, il a fallu faire des contorsions avec la preuve, pour cacher au jury que l'accusé avait commis un meurtre et une tentative de meurtre sur un autre couple, en 1985. Il avait alors 18 ans. Condamné à la prison à vie pour ces crimes, il a donc passé la majeure partie de sa vie adulte en prison. En fait, il a obtenu sa libération conditionnelle en 2002.  Il est alors allé retrouver la femme qu'il a connue pendant sa détention, et avec qui il a eu deux enfants, conçus dans les roulottes de la prison. Sa libération a été suspendue en août 2004, alors qu'il était fortement soupçonné des meurtres de Patrick Merlin et Mme Charron. De fait, au terme d'une minutieuse enquête effectuée par des enquêteurs de la section de Homicides de la police de Montréal, il a été accusé de ces crimes en septembre 2004. Depuis le début du procès, en septembre, les huit hommes et quatre femmes du jury ont vu défiler une trentaine de témoins, parmi lesquels on retrouvait sa conjointe et ses deux maîtresses. Le témoignage de l'une de ces dernières, Laurie-Ann Jolin, s'est avéré dévastateur pour lui.  Il y avait aussi de l'écoute électronique. Me Alan Gutman, qui défendait l'accusé, faisait face à une preuve écrasante.

Un autre procès à venir

La théorie de la procureure de la Couronne, Me Éliane Perreault, est à l'effet que Johanes Winton, de connivence avec Daniel Martel, ont planifié le meurtre de Patrick Merlin, dans le but de ne pas lui payer une quarantaine de livres de mari qu'il leur avait livrée. Ils se seraient ensuite partagé l'argent, soit environ 80 000 $. Au départ, Martel était accusé conjointement avec Winton. Mais en septembre dernier, Martel a obtenu de subir un procès séparé. Celui-ci aura lieu en avril.

Hier, les parents et amis des victimes ont accueilli le verdict avec un énorme soulagement. Les mamans de Audrey-Ève Charron et de Patrick Merlin se sont avancées à la barre pour faire part de l'impact que ces crimes ont eu sur leur vie, mais elles ont toutes deux éclaté en sanglots. C'est finalement Me Éliane Perreault qui a lu leurs lettres. Le juge Jerry Zigman, qui a présidé le procès, a condamné Winton à deux peines de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. «Vous l'avez pleinement mérité», a-t-il lancé à l'accusé.  Celui-ci n'a manifesté aucune émotion.