Guy Lafleur a trouvé pénible son passage dans un poste de police, le 31 janvier dernier, d'autant plus qu'on lui a demandé s'il était armé, et qu'on l'a fouillé par palpation pour s'en assurer.

«Je me sentais comme un criminel. Je ne l'ai pas trouvé drôle», a raconté le célèbre numéro 10 du Canadien, hier, alors qu'il témoignait dans le cadre de sa requête en arrêt du processus, au palais de justice de Montréal. Par ce recours, M. Lafleur espère éviter le procès qu'il doit avoir en février prochain, sous l'accusation d'avoir livré des «témoignages contradictoires» lors de l'enquête sur la mise en liberté de son fils Mark, le 19 septembre 2007. Il avait caché le fait que Mark était allé coucher à l'hôtel deux fois avec une nouvelle petite amie, alors que la cour lui avait ordonné de dormir chez son père.

M. Lafleur invoque un abus de procédures de la part de la Couronne et la police. Ce qu'il leur reproche, c'est d'avoir lancé un mandat d'arrêt visé contre lui, alors qu'une sommation aurait amplement suffi. Guy Lafleur est bien connu, on peut facilement le trouver, et il n'aurait jamais tenté de s'esquiver, laissent entendre ses avocats, Jean-Pierre Rancourt et Louis Belleau.

Hier matin, la policière du SPVM, Françoise Fortin, a témoigné. On lui a confié l'enquête sur Guy Lafleur le 24 janvier 2008. Elle a d'abord appelé la procureure au dossier, Me Lise Archambault, pour bien comprendre le sens de l'accusation de «témoignages contradictoires». L'arrestation s'imposait, selon Mme Fortin, car il s'agissait d'une infraction «grave» et qu'il fallait un «arrêt d'agir rapide», puisque M. Lafleur devait revenir témoigner le 13 mars, lors du processus concernant son fils. Autrement dit, il fallait protéger Guy Lafleur contre lui-même.

Mme Fortin a eu le mandat d'arrêt en main et signé par un juge le 25 janvier, mais elle a attendu au 30 pour appeler M. Lafleur. Elle explique ce délai par le fait qu'elle a travaillé le week-end, et qu'ensuite, elle a eu deux jours de congé. Dès qu'il a reçu l'appel de la policière, M. Lafleur a accepté de la voir dès le lendemain. Selon M. Lafleur, Mme Fortin ne lui a jamais indiqué qu'il serait accusé. «J'ai demandé si c'était pour Mark. Elle m'a dit que c'était au sujet de mes témoignages contradictoires», a fait valoir M. Lafleur, hier. Il a ensuite appelé son avocat, Me Rancourt, pour dire qu'il avait reçu «un drôle de téléphone». Me Rancourt a appelé la policière à son tour. C'est à ce moment que Me Rancourt aurait appris que Lafleur serait accusé et qu'un mandat visé avait été lancé. Il a rappelé M. Lafleur pour l'en informer.

Il est finalement allé au poste de police le 31 janvier, dans l'après-midi, en compagnie de Me Rancourt. M. Lafleur a été fouillé, et on lui a lu ses droits avant de le mettre dans une petite pièce à l'écart. Il a refusé de donner une déclaration, comme son avocat le lui avait recommandé. Sa détention a duré en tout une quinzaine de minutes et il a été relâché sans condition, en attendant de comparaître devant le tribunal.

Les plaidoiries dans la requête ont été reportées au 8 janvier prochain. Rappelons que Guy Lafleur a intenté une poursuite au civil de 3,5 millions contre la policière et la procureure dans ce dossier.