Pour avoir allumé des incendies dans une école et un centre communautaire juifs, Azim Ibragimov a écopé de quatre ans de pénitencier, hier, au palais de justice de Montréal.

En rendant sentence, le juge Gilles Cadieux a qualifié les crimes commis par Ibragimov de «racistes et haineux», même si l'homme de 25 ans, un musulman originaire du Kazakhstan, s'est présenté comme un simple exécutant. Le cerveau des attentats serait plutôt Omar Bulphred, qui est toujours en attente de procès. En ce qui concerne Ibragimov, il a renoncé à subir le sien, et a plaidé coupable il y a plusieurs mois déjà, à des accusations réduites d'incendie et de menaces contre la communauté juive.

 

Le soir du 2 septembre, un vendredi, il avait lancé un co-cktail Molotov dans le lobby de l'école Taldos Yakon Yosef, située rue Ducharme à Outremont. Heureusement, une activité réunissant une trentaine d'élèves venait de se terminer, et il n'y avait plus personne dans l'école. L'incendie a cependant fait pas mal de dommages matériels et a grandement ébranlé la communauté juive. Le 3 avril 2007, le manège se répétait, cette fois avec des bonbonnes de propane placées au centre communautaire juif Ben Weider. Il y a cependant eu peu de dégâts à cet endroit, en raison d'un problème technique.

Entre ces deux crimes, il y a eu l'incendie d'une automobile, choisie au hasard, ainsi que des tracts laissés bien en évidence et revendiquant les attentats au nom du jihad islamique. Les missives, écrites de la main d'Ibragimov, mais dictées apparemment par Bulphred, appelaient également à la conversion à l'islam, et menaçaient de sévir encore plus brutalement si certains prisonniers de Toronto n'étaient pas libérés.

Ibragimov et Bulphred ont été arrêtés en avril 2007 et sont détenus depuis. Lors d'évaluations, Ibragimov a été décrit comme un homme immature, qui ne sait pas vraiment pourquoi il a embarqué dans cette galère, d'autant plus qu'il n'entretiendrait aucune animosité envers la communauté juive. Il a même eu une amie de coeur juive, qui est d'ailleurs venue témoigner en sa faveur. L'accusé a fait un cheminement positif depuis son incarcération, a reconnu le juge, mais il a aussi trouvé qu'Ibragimov avait cherché à passer pour un naïf et un passif dans toute cette histoire.

Compte tenu de la détention préventive qui compte en double, c'est une peine de 10 mois à compter d'hier que le juge a imposée à Ibragimov. En fait, le magistrat a entériné la suggestion du procureur de la Couronne, Mario Dufresne.

Plusieurs représentants de la communauté juive se trouvaient dans la salle d'audience, notamment du Congrès juif canadien. Steven G. Slimovitch, porte parole du B'nai Brith, a fait valoir qu'il n'y avait pas lieu de se réjouir, mais il s'est montré satisfait de la sentence. «C'est un message clair que le Canada ne tolérera pas d'actes terroristes», a-t-il dit.