L'attentat a été commis à Paris le 3 octobre 1980. Une bombe placée dans la sacoche d'une moto a explosé devant une synagogue de la rue Copernic. Quatre personnes sont mortes, une vingtaine ont été blessées. Près de 30 ans après les faits, la justice française croit avoir trouvé le principal suspect: un professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a appréhendé hier matin Hassan Diab à Gatineau. Âgé de 55 ans, M. Diab était sous surveillance depuis un an. C'est la France qui a demandé son arrestation en vertu de la Loi sur l'extradition et d'un mandat provisoire.

 

Hassan Diab, d'origine palestinienne et titulaire de la double nationalité libanaise et canadienne, savait qu'on enquêtait sur lui grâce à une fuite l'an dernier dans le journal français Le Figaro. Il n'a pas résisté à son arrestation, selon la GRC.

M. Diab, qui enseigne dans la capitale nationale depuis 2007, comparaîtra demain après-midi au palais de justice d'Ottawa. Le père de famille devrait éventuellement faire l'objet d'une demande d'extradition. La France le soupçonne d'avoir fabriqué et posé la bombe.

L'avocat de Hassan Diab, René Duval, entend s'opposer à son extradition. Selon lui, son client est totalement innocent. «Notre position, c'est qu'il n'a jamais mis les pieds en France en 1980», a affirmé Me Duval à La Presse, hier soir.

En entrevue avec Le Figaro en octobre 2007, Hassan Diab avait soutenu que la France se trompait de suspect. «Je suis victime d'une nouvelle homonymie sans fondement. Mon nom de famille est très commun au Liban et dans les pays arabes», avait-il déclaré.

Quelles preuves pèsent contre lui? Selon son avocat, elles ne sont «absolument pas concluantes». La photo d'un passeport qui aurait appartenu à M. Diab présenterait des ressemblances avec le portrait-robot du suspect de l'attentat de Paris, explique Me Duval, qui représente également Saïd Namouh, présumé terroriste arrêté à Maskinongé en 2007.

Des perquisitions ont eu lieu hier au domicile et au lieu de travail de Hassan Diab, selon une source judiciaire citée dans L'Express. Le journal français précise que deux juges d'instruction antiterroristes, Marc Trévidic et Yves Jannier, sont venus au Québec en début de semaine.

Une enquête d'un an

L'an dernier, le juge Trévidic a lancé une commission rogatoire internationale pour recueillir des éléments sur le séjour aux États-Unis de Hassan Diab, qui y aurait passé plusieurs années avant de s'installer au Canada.

Le juge d'instruction avait demandé aux enquêteurs de rassembler des éléments (empreintes digitales, spécimens d'écriture, traces d'ADN) permettant de confondre le suspect, présenté comme le chef du commando à l'origine de cet attentat sanglant.

L'enquête française a été relancée en 2007 lorsque l'Allemagne a réussi à obtenir le fichier du Front populaire de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), soupçonné d'être à l'origine de cet attentat, sur lequel figuraient les noms d'une dizaine de personnes et l'a mis à disposition de plusieurs pays.

Avec La Presse Canadienne, L'Express et Le Figaro