L'instigateur présumé de l'incendie du bunker des Hells Angels à Sorel, Steve Carbonneau, a été envoyé à l'Institut Philippe-Pinel, hier, pour une évaluation psychiatrique. Les deux autres accusés, Stéphane Blanchette et Jacques Beaulieu, ont obtenu leur mise en liberté sans que la Couronne s'y oppose.

Blanchette est accusé de complot pour l'incendie du bunker, mais non de l'incendie lui-même. Il est aussi accusé de l'explosion survenue juste avant, le 18 octobre 2008, dans un immeuble résidentiel de la rue Fiset, à Sorel.Décrit comme un bon père de famille sans histoire, l'homme de 40 ans se dit totalement innocent. «J'ai été traité comme un criminel, mais je suis une victime. J'ai été menacé par Steve Carbonneau. Il avait une arme à feu, je n'ai pas eu le choix de suivre pour aller au lieu du premier incident (rue Fiset)» a expliqué M. Blanchette, hier midi, après que les geôliers l'eurent relâché. «Je n'ai rien transporté et je n'ai participé à rien», a-t-il précisé.

Bouleversé par la rocambolesque aventure qui lui a valu plus de deux semaines de prison et beaucoup de tracas, ce Sorelois dit souhaiter que la vérité éclate au grand jour. Il raconte que Carbonneau, un ami d'enfance qu'il n'avait pas vu depuis neuf ans, et son oncle de 54 ans (Beaulieu), qu'il ne connaissait pas, sont arrivés chez lui le 17 octobre dernier, en provenance d'Abitibi. Toujours selon ses dires, Carbonneau l'a forcé à les accompagner, sinon il allait le «ramener dans une barouette». Connaissant le passé psychiatrique de Carbonneau, M. Blanchette aurait suivi sans savoir ce qui se tramait. Il y avait des bidons d'essence. «J'avais des directives à suivre: tourne ici, tourne là... Jamais je n'ai su les plans qu'il avait dans la tête. Il ne parlait pas, il disait juste: ça va ben, ça va ben.»

«Terrifié»

Rue Fiset, quand M. Blanchette a entendu l'explosion, il a d'abord cru que Carbonneau et Beaulieu étaient morts. Mais il les a vus réapparaître. «J'étais terrifié, j'en ai encore le shake», a-t-il dit.

Plus tard, alors que les deux hommes remplissaient des bidons d'essence dans une station-service, M. Blanchette se serait enfui pour se réfugier chez une amie. Le lendemain, il a appris l'incendie du bunker des Hells avec un camion-citerne. Il ne savait pas quoi faire. Il a fini par aller voir la police. «J'ai été à la police de Tracy, ils cherchaient une camionnette bleue. Je me sentais en danger des deux côtés. Je pensais être traité en victime, j'ai été traité en criminel.»

Lui qui n'avait jamais fait de prison s'est retrouvé en détention préventive. Vu les circonstances, il a été mis sous protection. Néanmoins, Carbonneau lui aurait fait des menaces. «Il m'a dit: vendredi tu sors, mais samedi t'es mort», a expliqué M. Blanchette. Il croit que Carbonneau, qui s'est présenté comme policier à un certain moment, a besoin de traitements et qu'il n'a pas pris ses médicaments.

Quant au fameux triangle amoureux, M. Blanchette dit en avoir entendu parler seulement quand il était en prison. Le soir des événements, il n'en aurait nullement été question. En fait, dans son délire, Carbonneau aurait jeté son dévolu sur une femme avec qui il avait déjà travaillé dans le passé mais qu'il n'avait pas revue depuis longtemps.

Hier, lorsque Me Marcel Guérin a recommandé l'évaluation psychiatrique de son client Carbonneau, ce dernier a haussé les épaules et répondu: «S'il le faut.» L'expertise devrait être terminée pour son retour en cour, le 8 décembre. En ce qui concerne la suite du processus judiciaire avec les deux autres accusés, elle est fixée au 13 janvier.