En l'an 2000, alors qu'il était recherché partout au Canada et même ailleurs, Paul Fontaine a pu emprunter sans problème l'identité de Jean Goyer, un enfant né à Lachine en 1955, et mort en 1956 à l'âge de 18 mois.

Le Directeur de l'état civil a délivré sans rouspéter trois actes de naissance sous ce nom, à une certaine Nancy Gagnon qui en a fait la demande en remplissant un formulaire, le 13 septembre 2000. C'est ce qui se dégage du témoignage que Jean-François Pothier, employé du bureau du Directeur de l'état civil, a rendu, hier, au procès de Paul Fontaine.

M. Pothier a expliqué qu'en 2000, les règles étaient beaucoup moins sévères qu'aujourd'hui. Ça ne prenait pas de cartes d'identité, n'importe qui pouvait avoir n'importe quoi. Avec les événements du 11 septembre 2001, les règles ont été modifiées et resserrées. Il a aussi signalé qu'en 2000, le système informatique ne permettait pas de faire des recoupements, par exemple avec les décès. Le système a été en mesure de faire ces recoupements seulement à partir de 2003.

Trois actes pour 100$

Le 14 septembre 2000, donc le lendemain de sa demande, Nancy Gagnon (on ignore son lien avec Fontaine pour le moment) est passée au comptoir du Directeur de l'état civil et a pris livraison des trois actes de naissance demandés la veille. Elle avait payé un peu plus de 100$ pour les trois copies, incluant les frais pour service accéléré. Quand il a été arrêté en mai 2004, Fontaine vivait sous cette identité de Jean Goyer, né le 23 mars 1955.

Hier, les parties ont fait des admissions, ce qui a permis d'éliminer sept témoins. Le procès reprendra lundi. Rappelons que Fontaine est accusé de meurtre prémédité relativement à la mort du gardien de prison Pierre Rondeau. Celui-ci a été abattu d'une rafale de mitraillette, alors qu'il était au volant d'un fourgon cellulaire, le matin du 8 septembre 1997. La Couronne prétend que Fontaine, maintenant âgé de 40 ans, est un des deux tireurs.