Trois ans presque jour pour jour après le meurtre de Raymond Ellis au bar Aria, le procès de cinq jeunes hommes accusés de ce crime s'est ouvert, hier, au centre judiciaire Gouin, à Montréal.

Raymond Ellis, 25 ans, venait d'ouvrir une boutique de vêtements rue Sainte-Catherine avec deux amis.

Un soir, les trois partenaires d'affaires ont décidé de sortir au bar Aria, un afterhours situé au centre-ville. Ce même soir, un groupe de personnes était présent au même étage du bar pour commémorer la mort de l'un de leurs amis, assassiné un mois plus tôt. Un «cri de ralliement» a surgi durant la soirée, a décrit le procureur de la Couronne, Éric Poudrier, en guise d'exposé d'ouverture, au premier jour du procès devant juge et jury.

L'un des membres du groupe a montré du doigt Raymond Ellis. «C'est lui qui a tué notre chum», a-t-il hurlé. Le jeune vendeur de vêtements a alors été rué de coups de poing et de coups de pied, toujours selon le récit de Me Poudrier. M. Ellis a été poignardé à 11 reprises dans le dos. Transporté à l'hôpital, il a succombé à ses blessures le matin même, le 23 octobre 2005.

John Tshiamala, Ernso Theobrun, Evens Belleville, Charles McLee et Clevland Alexander Scott ont plaidé non coupable à l'accusation de meurtre au deuxième degré (non prémédité). Les accusés sont détenus durant le procès, sauf M. Scott. Ce dernier est le plus jeune du groupe. Ils sont âgés de 21 à 28 ans. Huit avocats assurent leur défense.

Le soir du meurtre, plusieurs centaines de personnes étaient présentes dans l'afterhour de la rue Saint-Denis. Quelque vingt-quatre personnes ont été arrêtées sur-le-champ. D'autres l'ont été plus tard, dans le cadre de l'enquête policière. «Aucun lien n'a été établi entre les accusés et M. Ellis», a ajouté l'un des deux procureurs de la Couronne au dossier, Me Poudrier.

Ce procès se déroule devant la juge Sophie Bourque ainsi qu'un jury composé de six hommes et six femmes. La Couronne prévoit faire témoigner une quarantaine de personnes, dont des agents de sécurité, des serveuses et des clients du bar.

La camisole de M. Ellis était tellement imbibée de sang qu'«on aurait pu la tordre», est venu dire le premier témoin à charge, le médecin expert en pathologie judiciaire, André Lauzon. La victime a reçu 11 coups de couteau dans le dos. L'un d'eux s'est avéré mortel en atteignant le poumon. Cela a créé une importante hémorragie interne, a spécifié le spécialiste. Un couteau doté d'une lame d'environ neuf centimètres de longueur «compatible» avec les plaies de la victime, selon le pathologiste, a été montré au jury.

À l'ouverture du procès, la juge Sophie Bourque a expliqué aux jurés leur rôle ainsi que le déroulement d'un procès criminel. Elle les aussi a mis en garde contre les apparences du centre judiciaire Gouin, un palais de justice moderne avec des portiques détecteurs. «Ne vous laissez pas impressionner par le fait que vous êtes au centre judiciaire Gouin. Le centre est impressionnant, mais il a été construit dans d'autres circonstances qui n'ont rien à voir avec la cause. La seule raison pour laquelle on est ici, c'est qu'il n'y avait pas de salle assez grande (au palais de justice de Montréal) pour vous accueillir», a indiqué la juge.

Le procès se poursuit aujourd'hui avec le témoignage d'un technicien en identification judiciaire.