«La prison, jamais plus de ma vie», a promis Joe Vince Di Maulo, hier, devant la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Anxieux de nature, le neveu des caïds Jos et Jimmy Di Maulo est tellement marqué par ce qu'il a vu et entendu durant son incarcération qu'il a lui-même demandé à passer un mois dans une maison de transition avant de recouvrer sa pleine liberté.

Âgé de 34 ans, Joe Vince Di Maulo a purgé sept mois d'une peine de deux ans qui lui a été infligée le 10 mars dernier pour sa participation à du trafic de marijuana en quantité industrielle avec son frère Anthony et son ami Giuseppe Cossentino. Sa maison de la rue du Brouilly, à Terrebonne, servait de cache à l'organisation. C'est là que Cossentino et lui pesaient et emballaient le cannabis avant de l'expédier aux États-Unis ou en Ontario, au rythme de 100 à 115kg par semaine.

 

Di Maulo soutient que, jusqu'à son arrestation, au début de 2005, il menait une vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire. «J'avais une amie, un bon job et des biens», a-t-il dit. À l'en croire, c'est Cossentino, qu'il dit avoir connu par l'entremise de son frère Anthony, qui l'a entraîné dans «cette maudite galère», selon son expression. «J'étais impressionné par son train de vie, et je n'ai pas pu refuser quand il m'a proposé de se servir de ma maison pour son trafic», a-t-il expliqué.

Mal à l'aise

«J'étais parfois mal à l'aise parce que je savais que c'était illégal, mais Cossentino m'encourageait en minimisant mon rôle et en me disant que ce n'était pas si grave puisqu'il s'agissait de marijuana. D'un autre côté, c'était un gros business et il y avait le train de vie qui va avec. Je pensais que ça ne pouvait pas m'arriver d'être arrêté. De toute façon, quand on embarque là-dedans, on perd le sens des réalités, et je pensais m'en tirer avec une simple amende», a raconté le jeune trafiquant déchu. «Vous me donneriez de la marijuana aujourd'hui, et je ne saurais quoi en faire», a-t-il ajouté à l'adresse des deux commissaires, afin de montrer comment il avait été naïf et sans discernement.

Un bourbier

En entrant à la prison de Bordeaux, où il a passé trois mois en détention préventive, il dit avoir immédiatement réalisé dans quel bourbier il se trouvait. «Ça a été un choc épouvantable. Toute cette violence, tous ces délits à cause de la drogue», a-t-il dit, en rappelant les histoires de deux drogués qui se sont confiés à lui. Une fois condamné et incarcéré à l'Établissement de la Montée-Masson, à Laval, il a assisté à des séances de l'organisme Cocaïnomanes anonymes.

Di Maulo avait un tel sentiment de honte envers lui, envers sa famille et envers ses amis, dit-il, qu'il a dû consulter un psychiatre. Il a aussi demandé l'aide de l'aumônier de la prison. «Quand tu connais pas ça, le monde carcéral, c'est une grosse découverte», a-t-il conclu.

Il entend retrouver sa famille et son emploi à sa sortie de la maison de transition, le 7 novembre.