L'enquête sur les circonstances de l'intervention policière au cours de laquelle un jeune homme de 18 ans a été blessé par balle samedi progresse à petits pas. Un couteau a été trouvé hier matin sur les lieux de l'incident, ce qui tend à confirmer la thèse des policiers selon laquelle le suspect aurait résisté violemment à son arrestation.

Les policiers assurent qu'ils ont ouvert le feu une seule fois, après que Nashwan Abdullah les eut menacés à plusieurs reprises avec un couteau. Ils avaient auparavant tenté de l'immobiliser avec du gaz poivre lors d'une poursuite à pied qui a duré plus d'une dizaine de minutes.

 

La Sûreté du Québec a aussi poursuivi hier l'interrogatoire d'une quinzaine de témoins de la scène et de tous les agents de la police de Montréal impliqués dans cette intervention.

Nashwan Abdullah était recherché par les policiers depuis plusieurs semaines. Il est soupçonné d'avoir participé à une tentative de meurtre le 6 septembre dernier à l'angle de la rue Beaubien et de la 27e Avenue. Les policiers croient qu'il pourrait avoir poignardé à plusieurs reprises, avec un complice, un homme de 27 ans.

Nashwan Abdullah faisait aussi l'objet de deux mandats d'arrêt. Il était recherché par les policiers de Montréal pour possession de stupéfiants, et par ceux de Sherbrooke pour une histoire d'entrée par effraction. Nashwan Abdullah est resté hier à l'hôpital, où il est soigné pour des blessures à l'abdomen. Sa vie n'est pas en danger. Il pourrait faire face à plusieurs chefs d'accusation cette semaine et sera détenu en attendant sa comparution.

Lendemains tranquilles

Contrairement à ce que craignaient plusieurs résidants interrogés par La Presse samedi, l'incident n'a pas entraîné de débordements dans le quartier Saint-Michel.

Le maire Gérald Tremblay a néanmoins tenu, hier, à appeler de nouveau la population au calme. Il a écarté toute comparaison possible entre la mort de Fredy Villanueva et ce qui s'est produit samedi dans le quartier Saint-Michel. «À Saint-Michel, il s'agit d'une arrestation qui a mal tourné. Nous ne pouvons tolérer aucune violence contre les forces de l'ordre», a-t-il fait valoir.

Gérald Tremblay s'est aussi porté à la défense du travail des agents, qui a été très sévèrement critiqué par la mère, la soeur et des proches de Nashwan Abdullah. «Les quatre policiers ont fait un travail très satisfaisant dans les circonstances. Lorsqu'une personne utilise une arme blanche, les policiers doivent prendre les moyens nécessaires.»

Il a par ailleurs refusé de faire des excuses quant à l'incident, estimant qu'elles n'étaient pas de mise en regard des faits rapportés.

La famille du jeune homme assure qu'il n'était pas armé au moment de son arrestation et estime que les policiers auraient dû être en mesure de l'immobiliser sans dégainer leur pistolet.

Une enquête indépendante menée par la SQ devra déterminer si l'utilisation d'une arme à feu était justifiée.