Partis de France et du Québec ces derniers jours, les parents de Vivien Morzuch se retrouvent en Colombie-Britannique pour assister, à partir de lundi, au procès de l'homme accusé d'avoir assassiné leur fils de 15 ans. Après huit ans, ils espèrent apprendre toute la vérité.

Brian Frederick Towsend, 59 ans, subira son procès devant la Cour suprême de Kamloops. Il est accusé du meurtre non prémédité de Vivien Morzuch. Le cadavre du jeune Montréalais, qui était en fugue depuis le mois d'avril, a été trouvé dans un fossé près de Kamloops, en Colombie-Britannique, le 27 juillet 2000. Il était ligoté avec du sparadrap et avait de graves blessures à la tête.

 

Au-delà du crime lui-même, les parents voudraient bien éclaircir aussi ce qui s'est passé avant. «On sait que c'est le procès de ce qui s'est passé en Colombie-Britannique. Mais on fait tout pour que ce qui s'est passé avant, en Ontario, ne soit pas occulté», explique le père, Frank Morzuch.

M. Morzuch fait allusion au fait que, moins de deux semaines avant sa mort, son fils avait été arrêté en Ontario pour une affaire de possession de cannabis. Les charges avaient été abandonnées, et le garçon, mineur, avait été libéré, «sans qu'on soit avertis et malgré le fait qu'il y avait un mandat fédéral contre lui parce qu'il était en fugue», s'insurge le père. Vivien n'avait pas un sou en poche, mais l'Armée du Salut lui avait apparemment donné un billet d'autocar pour rentrer à Montréal. Il l'aurait vendu et a plutôt poursuivi sa route vers l'Ouest en autostop, dans le but de rejoindre des copains qui cueillaient des fruits dans la vallée de l'Okanagan. Il ne les a pas retrouvés, et sa route a malheureusement croisé celle d'un tueur.

Une longue enquête

L'enquête a piétiné pendant des années. La mère de la victime, Françoise Langlade, résidante de Montréal, a même offert une récompense de 15 000$, sans succès. Plus de 500 témoins ont été interrogés. Puis, en décembre 2006, Towsend, résidant de Vancouver Nord incarcéré pour vol, a été épinglé et accusé du crime.

Il y a la preuve d'ADN, a confirmé hier à La Presse la procureure de la Couronne de Kamloops, Sarah Firestone. Au cours du procès, qui devrait durer au moins trois semaines, elle entend faire défiler environ 35 témoins, dont des agents doubles. Elle ignore pour le moment si l'accusé présentera une défense.

De son côté, M. Morzuch aimerait bien que les amis qui ont connu son fils se manifestent, afin de tracer un juste portrait de lui. «La stratégie de la défense va être de dépeindre mon fils comme un voleur. Mais Vivien n'était pas un voleur ni un dealer. C'était un artiste, une personne sensible et non violente.»