L'enquête préliminaire des 11 présumés ravisseurs du jeune mafieux Nino De Bartolomeis traîne en longueur, en Cour du Québec, en raison de délicates questions de procédure. Initialement prévue pour trois jours, l'audition en sera aujourd'hui à sa huitième journée.

La plupart des problèmes d'instance soulevés jusqu'à maintenant concernent le témoignage pour le moins échevelé de De Bartolomeis, seul et unique témoin à charge. Pris de court, le procureur de la poursuite, Mario Dufresne, a demandé de présenter la vidéo complète de la déposition que De Bartolomeis a faite à la police, au lendemain de son rapt, le 17 juin 2008. Après un long débat, le juge Patrick Healey a rejeté la requête. Dans les jours précédents, il avait refusé que De Bartolomeis, qui est sous protection, témoigne derrière un écran, de façon à éviter les regards des accusés.

 

Sept accusés sont détenus, tandis que les quatre autres se trouvent dans la salle d'audience. Dépendant du rôle de chacun, ils font face, globalement, à des accusations d'enlèvement, séquestration, complot, voies de fait, ainsi que braquage et possession d'armes à feu. De Bartolomeis a été enlevé à la porte d'un bar, avant d'être gardé de force pendant toute une nuit dans un entrepôt de l'est de la ville. Après s'être échappé, il a porté plainte à la police.

Âgé de 36 ans, De Bartolomeis est un protégé du mafioso Francesco Arcadi, un des plus influents lieutenants de la «famille» Rizzuto. Il a une cause en cours de trafic de drogue, en Ontario. Il est aussi poursuivi à Montréal pour possession illégale d'une arme à feu. Il se serait attiré les foudres de membres de son entourage à cause de dettes impayées. Ce dossier d'enlèvement illustre l'indiscipline qui règne au sein de la pègre italienne de Montréal depuis l'opération Colisée, en 2006. Cette enquête a permis d'arrêter le «parrain» Nicolo Rizzuto et cinq autres têtes dirigeantes du clan sicilien.