Après des mois de tergiversation, un des deux jeunes impliqués l'an dernier dans la mort de la petite Bianca Leduc sera jugé devant un tribunal pour adultes. Le juge Richard Mongeau, de la Cour supérieure, a ainsi cassé hier matin au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield une décision rendue en juin dernier par la Cour du Québec.

La juge Odette Perron avait alors confié à la Chambre de la jeunesse le sort de l'accusé, qui célébrait ses 18 ans le jour du drame.

C'est précisément autour de ce concours de circonstances que s'articulent depuis des mois les plaidoyers présentés par la Couronne et l'avocat de la défense.

Un aspect à prendre très au sérieux puisque l'accusé risque 14 ans de prison s'il est reconnu coupable devant un tribunal pour adultes, contre trois ans de garde fermée s'il comparaît devant la Chambre de la jeunesse.

Le jeune homme de 18 ans doit répondre à des accusations de conduite dangereuse et de négligence criminelle ayant entraîné la mort.

Hier, le juge Richard Mongeau a qualifié de «non pertinente» la décision rendue en juin par sa consoeur de la Cour du Québec. La magistrate avait conclu que l'accusé devait être traduit devant le tribunal de la jeunesse sous prétexte qu'un délai de grâce de 24 heures doit être accordé à une personne accusée de crime le jour où il devient majeur.

La juge avait alors invoqué une décision en ce sens rendue en Alberta.

La Couronne en avait appelé de ce verdict en plaidant qu'un tel délai était valable seulement dans les cas où on ne peut déterminer avec exactitude le moment précis où le crime a été commis.

Dans l'accident qui a coûté la vie à Bianca, il n'y a aucune ambiguïté sur l'heure de la tragédie.

Bianca Leduc a été fauchée le 31 octobre 2007, pendant qu'elle posait des décorations d'Halloween sur le terrain de sa gardienne à L'Île-Perrot.

L'accusé n'avait pas de permis pour conduire seul et peu d'expérience au volant d'une voiture manuelle. L'autre accusé, âgé de 17 ans au moment du drame, était dans un autre véhicule. Les deux voitures sont entrées en collision, pour ensuite valser sur le terrain où se trouvaient l'enfant et sa gardienne. La voiture conduite par l'accusé de 18 ans filait à haute vitesse, avaient indiqué des témoins.

Au sortir de l'audience, hier, Me Pierre Joyal ne cachait pas sa volonté de porter la cause devant les tribunaux supérieurs. «Il s'agit d'une question purement légale. Peu importe qui perd ou gagne en instance d'appel, un précédent d'intérêt national est en train de s'écrire», a souligné l'avocat de l'accusé.

Comme la défense a 30 jours pour en appeler, une ordonnance de non-publication de 31 jours a été émise sur l'identité de l'accusé, libéré sous conditions au tout début du processus judiciaire.

Aux journalistes présents hier, Nadine Leduc, la mère de Bianca, s'est dite satisfaite de la décision rendue par le juge Mongeau.