Au lendemain d'un affrontement qui a provoqué un branle-bas de combat au cégep Ahuntsic, à Montréal, une lettre de menace trouvée dans une polyvalente de Saint-Hyacinthe a forcé l'évacuation de l'établissement de 2000 élèves, hier matin.

L'affrontement n'a finalement pas dérapé au cégep Ahuntsic, et la lettre de menace d'hier était vraisemblablement un canular, mais l'effet de la fusillade du collège Dawson, de la tuerie de Virginia Tech et de celle, toute récente, dans une école finlandaise semble placer nos institutions scolaires en état d'alerte.

«La direction a jugé bon ne prendre aucun risque, vu les circonstances et les récents événements», a confirmé Chantal Gagnon, porte-parole de la commission scolaire de Saint-Hyacinthe.

La polyvalente Hyacinthe-Delorme était déserte hier en fin de matinée. Des policiers fouillaient l'école de fond en comble, appuyés par l'escouade canine, et l'information transpirait au compte-gouttes. «On ne peut rien dévoiler sur l'endroit où la lettre a été découverte ni sur son contenu, puisque ces informations constituent des éléments de l'enquête», s'est borné à dire le porte-parole de la Sûreté du Québec, Ronald McInnis.

«Il s'agit d'une lettre adressée à la direction de l'école, et menaçante pour l'ensemble de la population de l'école», a-t-il toutefois indiqué.

Selon plusieurs élèves interrogés, les fausses alertes à la bombe sont monnaie courante à la polyvalente. C'est la troisième en trois ans, nuance de son côté la direction, qui dit avoir reçu en 2006 une lettre semblable à celle trouvée hier.

Rumeurs

L'incident d'hier a du moins permis aux jeunes de profiter du soleil qui brillait. Les élèves grouillaient partout sur les trottoirs autour de l'école, mais aussi au centre commercial non loin de là. «On était en classe pour la deuxième période et un message à l'interphone a ordonné l'évacuation. Les jeunes criaient et certains profs semblaient nerveux», a raconté Amélie, 13 ans, accompagnée de ses copines Mélissa et Maude.

Comme les autorités se faisaient avares de commentaires, les rumeurs fusaient de toutes parts.

Celle d'une alerte à la bombe revenait sans arrêt. «Plusieurs élèves disaient que ça puait dans les corridors, comme une odeur de gaz», a ajouté Mélissa. «La lettre parlait d'une dizaine de menaces. On pense que c'est une alerte concernant une fusillade», a indiqué Caroline, une autre élève âgée de 16 ans.

Inscrites en première secondaire, Amélie et ses amies étaient un peu craintives à l'idée de retourner en classe aujourd'hui.

Mais la plupart des élèves, surtout les plus âgés, avaient du mal à contenir leurs fous rires lorsqu'on leur demandait s'ils prenaient ces menaces au sérieux. «Ça fait trois ans de suite qu'il y a des menaces. L'an dernier, c'était durant la période des examens», a souligné Marc-André, 16 ans, en haussant les épaules.

Un canular?

Comme il fallait s'y attendre, l'hypothèse d'une blague de mauvais goût était la plus plausible au moment d'écrire ces lignes. Les policiers ont ratissé l'école de long en large et n'ont «absolument rien trouvé de menaçant», a résumé l'agent McInnis. «Ça a plutôt l'air d'un canular. Des expertises seront faites sur la lettre pour retracer son auteur», a ajouté le policier.

«C'est peut-être un plaisantin, mais il n'y a pas de risque à prendre avec la sécurité des élèves et des employés», a pour sa part tranché la direction de l'école.

Quant aux trois jeunes arrêtés la veille pour leur implication dans l'affrontement qui a éclaté devant le cégep Ahuntsic, ils ont été relâchés faute de preuves, ont expliqué les policiers du Service de police de la Ville de Montréal.