La mort violente d'un jeune homme de 24 ans mardi soir dans le quartier Côte-des-Neiges porte à 15 le nombre d'homicides commis depuis le début de l'année à Montréal, soit deux fois moins qu'à pareille date l'an dernier. Efficacité des policiers? Coup de chance? Raffinement des interventions médicales? Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette diminution.

Le calme était de retour dans l'immeuble à logements du chemin Queen-Mary, au lendemain du meurtre de Vaughn Williams, un des locataires.

Des cordons policiers rouges traînaient encore au fond d'une poubelle dans le couloir.

La veille, vers 20h45, Williams et son colocataire de 23 ans ont été impliqués dans une échauffourée avec deux autres individus.

 

L'incident a vite dégénéré, pour se transporter dans l'entrée de l'immeuble. Williams et son assassin se sont alors retrouvés seuls dans l'entrée du bâtiment. Le suspect a sorti un couteau pour frapper mortellement Williams au dos.

«Il m'a poignardé!» aurait lancé la victime, avant de s'écrouler dehors devant l'immeuble.

Un jeune homme de 20 ans a été appréhendé dans un logement des environs aux aurores hier matin. La victime et le suspect ne sont pas connus des milieux policiers et n'appartiennent à aucun groupe criminel. Une dette d'argent pourrait expliquer le drame.

Des voisins de la victime, interrogés hier, se trouvaient aux premières loges lorsque le drame a éclaté. «On entendait du bruit. On a regardé par la fenêtre et on a aperçu l'homme couché par terre», a expliqué une femme.

La victime a succombé à ses blessures à l'hôpital. Son présumé assassin comparaîtra aujourd'hui au palais de justice.

Pas de guerre, moins de meurtres

Selon Clément Rose, le commandant de la division des crimes majeurs au Service de police de la Ville de Montréal, le nombre d'homicides est impossible à prévoir. Le fait qu'il n'y a pas de guerre ouverte entre organisations criminelles est toutefois une hypothèse émise pour expliquer la baisse des homicides. «À une époque, on pouvait avoir une trentaine de meurtres par année directement reliés aux motards», indique le commandant.

Malgré les rumeurs de conflit entre les gangs de rue et la mafia, il semble y avoir une paix relative du côté des deux groupes. «S'il y a une guerre, elle ne se répercute pas en homicides», tranche le commandant.

L'an dernier, les gangs de rue ont été responsables de 14 des 41 meurtres. Depuis janvier, ils sont impliqués dans cinq des 15 homicides. Les 15 meurtres recensés jusqu'à présent sur le territoire montréalais s'expliquent par six règlements de compte, deux crimes passionnels, un drame passionnel, trois querelles, un vol et deux causes inconnues. Six personnes ont été accusées relativement à l'ensemble de ces histoires. Plusieurs enquêtes sont toujours en cours, notamment celle pour retrouver un couple, soupçonné d'avoir secoué à mort un bébé à LaSalle, en février dernier.

Le couple, Flotvelyne Jean-Louis et Pierre Casy Mesidor, figure même sur la liste des 10 criminels les plus recherchés du Québec.

De son côté, la Fraternité des policiers et policières de Montréal apporte quelques nuances à propos de la baisse du nombre d'homicides. «Il y a moins de meurtres, mais beaucoup plus de tentatives de meurtre. De plus, les médecins sont aujourd'hui plus performants», explique le porte-parole du syndicat, Martin Viau. Le nombre de tentatives de meurtre est passé de 95 à 150 entre 2002 et 2006, pour redescendre à 101 en 2007.

Il n'a pas été possible d'obtenir les chiffres pour l'année en cours.

Meurtres/tentatives de meurtre à Montréal

1996.................... 54 / 134

1997.................... 50 / 112

1998.................... 41 / 113

1999.................... 53 / 120

2000.................. 51 / 146

2001................... 66 / 114

2002................... 48 / 95

2003................... 41 / 113

2004................... 43 / 114

2005................... 35 / 135

2006................... 43 / 150

2007.................... 43 / 101

2008.................... 15 / ...

Source: Fraternité des policiers et policières de Montréal