Le 7 juillet dernier, un groupe de personnes armées est entré au café Luna, dans le nord-est de la ville, et y a commis un vol. Grégoire Paul y était-il? Un témoin affirme l'avoir vu entrer. Lui réplique qu'il était au Casino cette nuit-là.

L'événement est survenu sur fond de guerre entre les gangs de rue et la mafia italienne. Le frère aîné de M. Paul, Philistin, a notamment reçu trois projectiles le 23 juillet au bar Le Ritz. Des coups de feu ont aussi été tirés ce même 23 juillet devant deux autres bars italiens.

 

La preuve contre Grégoire Paul, 28 ans, repose essentiellement sur le témoignage d'une personne qui l'aurait vu entrer dans le café Luna, vers 2h du matin le 7 juillet. Tous les autres témoins du vol se sont désistés.

Le témoin a raconté hier comment, alors qu'il attendait une amie dans sa voiture, deux voitures sont entrées dans le stationnement jouxtant le café. Le témoin a vu sortir «au moins cinq hommes». L'un d'eux est passé près de sa voiture et a regardé à l'intérieur. Elle a identifié plus tard M. Paul comme l'homme qui s'était penché à sa fenêtre.

Le témoin n'a cependant été rencontré que le 31 juillet par les enquêteurs. Le délai s'explique par la période des vacances, a expliqué hier la police. Celle-ci a été mise sur la piste de Grégoire Paul après les événements du 23 juillet. Diverses sources, a expliqué l'enquêteur Éric Bourgault, ont indiqué à la police que la famille Paul serait impliquée dans le hold-up du café Luna. Le nom ne leur était pas étranger. «On le connaît très bien, on le voit souvent», a dit l'enquêteur Bourgault. Depuis 1995, Grégoire Paul a déjà été maintes fois accusé de vol, possession de substances, recel et bris de conditions.

L'avocat de la défense, Alexandre Goyette, a fait valoir que le témoin principal n'a été rencontré que trois semaines après les événements; sa mémoire a pu lui faire défaut. Grégoire Paul a soutenu qu'il avait un alibi: il fêtait son anniversaire au Casino cette nuit-là. Il y aurait perdu, puis gagné «environ 2000 ou 3000$». Sans emploi depuis quatre ans, il a expliqué que tout cet argent venait de la vente récente de sa voiture.

Il n'a pas été possible pour la défense d'obtenir des images des caméras du Casino. M. Paul a par contre mentionné qu'il y avait signé un papier selon lequel il avait perdu ses lunettes dans l'établissement. Cette affirmation n'a pu être appuyée d'aucune preuve. Le procureur Gianni Cuffaro l'a qualifiée de «point culminant» d'un alibi «cousu de fil blanc».

Le juge Claude Parent doit rendre son verdict cet après-midi.