Un tailleur réputé d'Asuncion a lancé une ligne de costumes sans poches - ni dans le pantalon, ni dans la veste -, un acte militant visant à dénoncer la corruption au Paraguay.

«Mettons l'honnêteté à la mode», «design anticorruption innovant», annoncent des affiches dans les neuf boutiques du Grand tailleur Robert, une enseigne prisée de la capitale paraguayenne.

Le «costume Ibañez» est la dernière nouveauté de la collection printemps-été australe, en référence au député José Maria Ibañez, du Parti Colorado au pouvoir, poursuivi pour corruption après avoir reconnu qu'il faisait rémunérer ses employés de maison par le parlement.

Les commandes s'accumulent, a assuré à l'AFP le patron-tailleur Roberto Espinosa. Selon lui «des gens invités à des réceptions en présence de fonctionnaires envisagent de porter ce modèle pour affirmer qu'ils sont incorruptibles».

«Je m'en fiche de perdre certains clients chez les fonctionnaires. Cette maison a été fondée par mon père il y a 70 ans et on n'a jamais manqué de clients», souligne ce tailleur officiel de la sélection de soccer du Paraguay.

Avant Ibañez, une autre affaire de corruption avait scandalisé l'an dernier le Paraguay, pays pauvre d'Amérique du sud enclavé entre le Brésil et l'Argentine. Le député Victor Bogado, alors président de la chambre des députés, faisait rémunérer 3500 dollars par mois, comme assistante parlementaire, la nounou qui gardait ses enfants.

Le tailleur s'apprête à lancer aussi une ligne féminine, «Lady Ibañez», l'épouse du parlementaire étant impliquée dans le scandale.