Le prince autoproclamé du «Sealand», qui avait instauré une principauté autonome sur une ancienne plateforme militaire installée au large des côtes anglaises, est décédé à l'âge de 91 ans, selon son site internet.

Roy Bates a succombé à la maladie d'Alzheimer dans un hospice britannique.

Cet ancien major de l'armée britannique avait pris possession en 1966 de Fort Roughs, une plateforme de 550 m2 située à 13 km de l'Angleterre en mer du Nord, qui abritait pendant le deuxième conflit mondial une batterie anti-aérienne et une garnison.

Profitant du fait que cette plateforme désaffectée se trouvait à l'époque dans les eaux internationales, il avait proclamé son indépendance le 2 septembre 1967, la rebaptisant «Principauté du Sealand». Il s'y était installé avec sa femme, la «princesse» Joan, son fils Michael, sa fille Penny, et un groupe de fidèles.

Le Sealand a commencé à imprimer ses propres timbres et ses passeports. Il s'est doté d'une monnaie, le Sealand dollar, d'un drapeau rouge, noir et blanc, d'une langue officielle, l'anglais, et d'une devise «E Mare Libertas», «De la mer, la liberté».

Mais il n'a été reconnu par aucun État.

En 1968, Bates avait été convoqué devant un tribunal britannique après que des coups de feu eurent été tirés sur un groupe qui s'était aventuré dans les «eaux territoriales du Sealand».

La cour avait toutefois estimé que cette affaire ne relevait pas d'une juridiction britannique puisque la plateforme se trouvait en dehors des eaux territoriales du Royaume-Uni.

En 1978, un groupe d'Allemands et de Néerlandais avaient investi le Sealand et expulsé le «prince régent» aux Pays-Bas. Mais Bates était parvenu à reprendre le contrôle de sa principauté.

«Nous étions tous les deux armés et c'est certainement une des journées les plus mémorables que nous ayons passées ensemble», a raconté son fils, dont les propos ont été rapportés par la BBC.

Une fois établie la principauté, «beaucoup d'aventures ont suivi, notamment des démêlés avec le gouvernement britannique et des attaques terroristes», rappelle la nécrologie publiée sur le site officiel du Sealand.

Roy Bates «a connu des périodes fastes et des temps difficiles, mais il n'a jamais rien cédé».

L'ex-major avait déclaré un jour à la télévision: «je mourrai peut-être jeune ou peut-être vieux, mais je ne mourrai jamais d'ennui».