Une Maison-Blanche au milieu des Caraïbes: ce n'est pas un mirage, mais l'étonnante demeure du Colombien le plus fanatique de Barack Obama, comblé par la venue de son idole au sommet des Amériques, tout près de chez lui.

Une effervescence inhabituelle a gagné la paisible localité de Turbaco sur les hauteurs du port de Carthagène, l'ancienne cité coloniale dans le nord du pays, où se réunissent ce week-end les dirigeants de tout le continent.

Coiffé du chapeau de l'Oncle Sam, Silvio Carrasquilla a accroché à son balcon, devant une foule de badauds amusés, une rangée de drapeaux américains et colombiens, au-dessus de portraits géants du président américain proclamant «Bienvenue à Tubarco, Obama». «C'est un exemple, il a affronté l'impossible en se présentant à la tête de la première puissance du monde, lui qui n'avait ni pouvoir, ni argent, ni la bonne couleur», lance à l'AFP ce jeune homme noir au visage rieur.

Connu pour avoir été le plus jeune maire de Colombie à 23 ans en 2004 à la tête de cette ville de 70.000 habitants où vit une grande communauté d'origine africaine, ce fils d'élu municipal, avocat de formation, voue depuis un culte au premier président métis des États-Unis, un «espoir pour tous nos frères». À l'intérieur de la maison, entièrement repeinte en blanc depuis la victoire d'Obama en 2008, Silvio exhibe avec fierté un salon transformé en «bureau ovale» avec un bureau sombre devant l'écusson américain.

Le jour de l'élection américaine, un scrutin a été organisé à son initiative devant sa «Maison-Blanche», où l'urne contenant plus de 1400 bulletins en faveur d'Obama a été religieusement conservée. Pour fêter le prix Nobel de la paix du président américain, le quartier a été convié à une envolée de colombes par l'infatigable militant, qui s'est fait un nom en participant à une émission de téléréalité et en se lançant dans la chanson avec un tube intitulé «Obama».

Depuis l'annonce de sa venue au sommet, Silvio, qui se défend de vouloir ainsi chercher à obtenir un visa américain, n'a plus qu'une idée en tête: faire venir l'illustre hôte dans son propre bureau, où a été affichée «pour le mettre à l'aise» une photo de famille. Propriétaire d'une petite ferme, il réserve aussi à son modèle un cadeau bien particulier, un âne de quelques mois baptisé «Démo» qui a été «pourvu de tous les vaccins pour passer les services douaniers». «Sa petite taille lui permettra de tenir dans Air Force One», l'avion présidentiel américain, assure-t-il.

Avec quelques dizaines d'habitants, l'ancien maire a récemment mené à travers les rues un défilé à dos d'âne, derrière la bannière étoilée, apprenant à ceux qui songeaient à une blague de mauvais goût que l'animal est le symbole du Parti démocrate.

Beaucoup ont fini par croire à la venue d'Obama à Turbaco. Divers cadeaux, livres ou peintures, ont déjà été confiés à son attention à son plus grand admirateur. «Remplie de fierté», sa mère, Petra Torres assure que le jeune homme a déjà réussi à «installer Obama dans le coeur» des habitants, même si certains grincheux ont protesté contre cet hommage permanent à l'«impérialisme américain». «On me demande tous les jours quand vient le président. Il y en a même qui pensent qu'il va atterrir avec son avion sur la place devant chez nous», sourit cette ancienne assistante sociale de 57 ans.