La semaine dernière, pour célébrer ses 77 ans, Rose Legault a sauté en parachute. Cette Montréalaise, qui vient de publier un essai intitulé Les vieux, refuse de se priver de certaines activités simplement parce qu'elle vieillit. «J'hésitais entre aller au cinéma ou faire un saut en parachute. J'ai choisi de sauter!», raconte cette femme dynamique à la parole franche, à qui tout semble réussir.

La vie n'a pourtant pas toujours été tendre envers Mme Legault. En 1997, elle a appris que son mari, Edmond, était atteint de la maladie de Parkinson. Après avoir pris soin de lui pendant 10 ans, elle a dû se résigner à le placer en CHSLD. Le deuil a été difficile. Depuis, elle vit seule dans un logement du nord de Montréal. Mais elle se rend tous les jours au chevet de «son» Edmond.

En 2004, Mme Legault a perdu son fils, qui s'est suicidé. Elle a encore des sanglots dans la voix quand elle en parle. Pour ajouter à ces épreuves, elle a combattu deux cancers au cours de la dernière année, dont un qui l'a privée de sa glande thyroïde.

Mais plutôt que de s'apitoyer sur son sort, Mme Legault mord dans la vie. «Je n'aime pas la déprime, dit-elle. C'est normal d'avoir de la peine. Mais à un moment donné, il faut se fouetter et avancer.»

Dans son essai Les vieux, Mme Legault parle avec lucidité des personnes âgées, qu'elle respecte mais qu'elle se permet tout de même de critiquer. Elle classe d'ailleurs les aînés en deux catégories: les «vieux jeunes», qui sont alertes et curieux, et les «vieux vieux», qui refusent le changement et qui attendent passivement de mourir.

Mme Legault appartient à la première catégorie.

Avec Guillaume

Le 6 juin, elle s'est rendue à l'école Voltige. Sur place, elle a fait connaissance avec le comédien Guillaume Lemay-Thivierge, copropriétaire de l'endroit. Ce dernier est littéralement tombé sous le charme de Mme Legault et a décidé de sauter en tandem avec elle.

«Ma mère est morte du cancer il n'y a pas longtemps. C'était une femme qui refusait de s'arrêter juste parce qu'elle vieillissait. Elle faisait du trapèze, du bungee, du parachute... Comme ma mère, Rose ne s'est pas arrêtée à cause de son âge, et c'est admirable», raconte M. Lemay-Thivierge.

Attachée fermement au comédien, Mme Legault s'est élancée dans le vide. Si elle assure qu'elle n'a pas eu peur de sauter, elle avoue avoir été «légèrement stressée» quand la porte de l'avion s'est ouverte sur le vide.

Sur la vidéo tournée le jour de son expérience, on remarque que Mme Legault semble inquiète. Agrippée au cadre de la porte de l'avion, elle refuse de lâcher prise. Elle accepte finalement de se laisser aller quand Guillaume Lemay-Thivierge desserre délicatement son étreinte.

«Regarde-moi faire! Je ne voulais pas lâcher! lance Mme Legault en regardant la vidéo sans pouvoir s'empêcher d'éclater de rire. Mais ça valait le coup! C'est l'expérience d'une vie, sauter en parachute. C'est une leçon de contrôle de soi parce que tu n'as pas le choix de te calmer. Et ça t'apprend à faire confiance à la vie.»

La descente a duré environ cinq minutes, dont une minute en chute libre. «Il faisait froid! Et il y avait un vent, ma chère! Tellement que je n'avais plus une seule ride dans le visage!» Pour Mme Legault, le bilan est clair: «C'était carrément le plus bel anniversaire de ma vie.»

Elle souhaite faire d'autres sauts. Elle a d'ailleurs déjà invité ses trois petits-enfants à se joindre à elle. Elle a également un projet de rencontre avec des élèves du primaire pour «jaser de la vie» et prévenir le suicide. Et elle souhaite réaliser un film.

«La vieillesse, c'est triste juste quand tu arrêtes de vivre», dit Guillaume Lemay-Thivierge.

Mme Legault est bien d'accord.