New York est la ville la plus accueillante du monde, surtout si vous êtes un chihuahua abandonné en Californie.

Quinze de ces petits chiens aux yeux écarquillés, connus pour prendre place dans les sacs à main de Paris Hilton ou autres starlettes hollywoodiennes, sont devenus new-yorkais cette semaine après avoir été sauvés de la côte Ouest, qui n'en veut plus.

Le transfert des bêtes est survenu à l'initiative de la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux (ASPCA), qui a constaté une augmentation vertigineuse des abandons de chihuahuas en Californie.

La directrice des services de volontariat de l'association, Diane Wilkerson, attribue la situation à un changement de mode à Hollywood, et à la crise économique.

Mais à New York, «les petits chiens sont très prisés, alors nous avons pensé à les transporter ici», dit-elle.

Les opérations de sauvetage ont été menées avec le luxe auquel l'animal est habitué. Les 15 chihuahuas ont voyagé depuis San Francisco à bord d'un avion de la compagnie Virgin America et ont été amenés au siège de l'ASPCA à Manhattan.

Dès mercredi, 11 d'entre eux étaient prêts à choisir leurs nouveaux maîtres.

Le jour dit, plus de 100 New-Yorkais faisaient la queue par des températures glaciales pour tenter leur chance, et certains, arrivés dès 08h00, avaient attendu quatre heures.

«Ils sont devenus célèbres. Je les ai vus sur plusieurs chaînes de télévision», dit Oleg, 62 ans, un immigré russe, premier dans la file d'attente.

«Mon chien aura de la chance», dit-il avec un accent prononcé. «Il va vivre avec moi et dormir près de mon lit.»

Amoura Leigh, 21 ans, a des plans plus grandioses. Cheveux roses en bataille, sourcils roses et un clou incrusté dans la lèvre inférieure, elle affirme que les chihuahuas sont les animaux domestiques parfaits. «Ils aiment qu'on les porte, et moi j'aime les porter, les habiller... Je lui mettrai un collier en faux diamants, oh oui!», dit-elle.

Un chihuahua en magasin coûte de 700 à 1400 dollars, affirment les candidats à l'adoption, et la gratuité de ceux-ci est donc fort alléchante.

Mais s'ils sont petits, les chihuahuas demandent beaucoup d'attention. «Ce ne sont pas des accessoires», souligne Mme Wilkerson. «Et les acquéreurs se lassent, quand l'attrait de la nouveauté s'estompe.»

En plus, l'animal a du caractère. «Ils sont très protecteurs. Et ils peuvent essayer de mordre», dit Mari Anna Ficco, 45 ans, qui attend son tour.

«Ils aiment se pavaner aussi, ils savent qu'ils sont beaux», ajoute-t-elle.

L'ASPCA demande aux candidats de répondre à un questionnaire en 18 points leur demandant ce qu'ils attendent d'un chien - qu'il joue avec les enfants, rattrape les balles, garde la maison...

Ensuite, chiens et maîtres potentiels se rencontrent, sous le regard scrutateur du personnel de l'association.

Et là, tout va très vite. Oleg n'a pas eu le chihuahua qu'il voulait et s'énerve, un collaborateur de l'ASPCA essaie de ramener le calme dans un couloir bondé d'humains et de chiens.

Quatre animaux seront présentés plus tard. «Sherlock a un problème d'enzymes et un traitement dentaire», dit un employé, qui précise que la bête est soignée par le vétérinaire de l'association et sera là dans quelques jours.

Oleg finit par choisir Tina, un chihuaha d'un an au pelage sombre. Tandis que plusieurs heureux maîtres sortent avec leur nouveau meilleur ami, un conducteur de bus crie à travers sa fenêtre: «Je hais les chihuahuas, prenez donc des pitbulls!».