Un pont à péage enjambant la Tamise, et dont les revenus ne sont pas imposables, a été vendu jeudi plus d'un million de livres, lors d'enchères à Londres qui ont suscité un vif intérêt, au Royaume-Uni et à l'étranger.

Le pont de Swinford, situé près d'Oxford au nord-ouest de Londres, a été adjugé 1,08 million de livres (1,9 millions de dollars canadiens) à un acheteur qui a tenu à rester anonyme.

«Le prix d'adjudication, c'est le prix du marché», a déclaré à l'AFP le représentant des anciens propriétaires, Michael Hawley, visiblement peu réjoui. Le prix de vente se situe dans la fourchette basse des estimations (1 à 1,25 million de livres) mais reste nettement supérieur à la mise à prix (800 000 livres).

Vestige seigneurial, le pont a été jeté sur la Tamise par le comte d'Abingdon qui avait obtenu en 1767 la permission de le faire construire à ses frais à condition de pouvoir prélever un péage, sans payer d'impôts. Le privilège lui a été garanti par une loi, toujours en vigueur.

Le droit de passage reste peu élevé: entre 5 pennies (5,5 centimes d'euros) pour les voitures et jusqu'à 50p pour les camions. Mais près de quatre millions de véhicules le franchissent chaque année, générant un revenu net «compris entre 95 468 et 113 487 livres» par an (105 000 à 125 000 euros), selon la maison Allsop qui le mettait aux enchères.

La vente a suscité «de l'intérêt d'Amérique, d'Australie, d'Europe et même de Jamaïque», a indiqué Neil Mackilligin, responsable de la vente pour Allsop, disant cependant «avoir pu s'attendre à un peu plus d'offres».

La vente du pont avait relancé la controverse sur le péage. Une pétition d'usagers avait recueilli près de 800 signatures pour faire abolir ce qui est souvent perçu comme la persistance d'un privilège royal. «Je ne suis pas surprise mais je suis déçue pour les usagers dont des générations vont subir des frustrations. Plus ça change, plus c'est la même chose», a déclaré à l'AFP Jane Tomlinson, une artiste qui a pris la tête de la campagne «Supprimons le péage».

Mme Tomlinson demandait que le pont soit racheté par les autorités locales afin de supprimer à terme le péage et en particulier les importants bouchons qu'il crée.

Un porte-parole du Comté de l'Oxfordshire a déclaré après la vente que le conseil local n'était «pas financièrement en position d'acheter le pont».