Il n'a que 18 ans, mais Jakob Schrot, lycéen de l'ex-RDA, croit pouvoir remplacer un jour Angela Merkel à la chancellerie en Allemagne. Vendredi soir, ce militant chrétien-démocrate a remporté, face à 2600 concurrents, le casting télévisé «Je peux devenir chancelier».

Doté d'un solide bagout, le jeune homme, qui a orné les murs de sa chambre de portraits des anciens chanceliers Ludwig Erhard et Helmut Schmidt, a remporté le duel final avec 72,6% des suffrages des téléspectateurs, face à un membre du Parti social-démocrate (SPD) de 12 ans son aîné.

«Notre société est de plus en plus divisée, elle doit redevenir une communauté solidaire», a lancé le jeune Jakob, qui avait choisi comme slogan de campagne «Agir plutôt que râler».

Fort de sa victoire, il pourra effectuer un stage au Parlement ou dans un ministère, et recevra l'équivalent d'un mois de salaire de Mme Merkel, soit environ 16.000 euros.

Avec cette émission, inspirée d'un concept déjà diffusé avec succès au Canada à plusieurs reprises, la télévision publique ZDF entendait lutter contre l'abstention et la désaffection des jeunes pour la politique. L'émission a été vue par 2,76 millions de personnes, selon des chiffres communiqués samedi par la chaîne.

Les prétendants, âgés de 18 à 35 ans, devaient d'abord envoyer à la chaîne une déclaration de candidature sous forme de message vidéo.

Une première sélection a permis de retenir 40 personnes, qui ont défendu leur projet lors d'un «grand oral» dans l'ancien hémicycle du Bundestag à Bonn. Là, un jury composé de l'animateur de la version allemande de «Qui veut gagner des millions?», d'une actrice et d'un ancien maire de Brême a sélectionné les six plus convaincants.

Vendredi soir, en direct de Berlin, les six finalistes se sont présentés au vote d'un panel de 500 personnes, représentatif de la population allemande.

Delano, lycéen à Munich, membre du SPD et fan du président américain Barack Obama, a plaidé pour «une économie au service des gens, qui utilise le potentiel de la diversité».

Nuray, lycéenne d'origine turque, a dit vouloir renforcer l'intégration des étrangers, tandis que Philip Kalisch, 30 ans, un attaché parlementaire pour le SPD, a souhaité la gratuité totale du système éducatif.

Antje, 31 ans, mère célibataire de quatre enfants vivant de l'aide sociale, a expliqué que, si elle accédait aux responsabilités, elle créerait des «centres de compétences familiaux» pour venir en aide aux parents.

Enfin Siegfried, entrepreneur bavarois de 25 ans, conservateur et militant de la CSU (parti-frère de la CDU de Mme Merkel), a réclamé des impôts moins élevés et plus justes.

Les candidats ont ensuite présenté leur affiche de campagne, répondu à des questions sur la Constitution ou le montant des allocations familiales, et se sont prononcés sur des questions de société.

Les trois derniers aspirants en lice ont tous approuvé le droit à l'adoption par les homosexuels et l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Sur ce dernier point, le gagnant s'est d'ailleurs démarqué de la présidente de son parti, Angela Merkel.

Le spectacle s'est conclu par un duel classique, opposant un représentant de la CDU (Jakob) et un du SPD (Philip), les deux prétendants s'adressant une dernière fois à leurs «électeurs», lors d'une allocution solennelle sur fond d'hymne national remixé au synthétiseur. Les téléspectateurs ont eu le dernier mot, par téléphone, sur un numéro à 14 centimes l'appel.

L'ancien maire de Brême Henning Scherf a prédit à propos des deux finalistes: «on les reverra tous les deux au Bundestag».