Une cour criminelle à Bangkok a condamné vendredi un Thaïlandais à dix ans de prison pour avoir posté sur internet des images altérées de la famille royale, qui ont été jugées insultantes pour la monarchie.

Le crime de lèse-majesté est sévèrement puni en Thaïlande où toute atteinte à la dignité du roi ou de sa famille fait généralement l'objet de poursuites judiciaires. Des intellectuels de gauche ont récemment dénoncé une utilisation «abusive» de cette législation pour réprimer des opposants politiques.

La condamnation de vendredi a été prononcée contre un Thaïlandais de 34 ans, connu sous deux identités différentes, «Suvicha» ou «Chinnapat» Thakhor. Il a été envoyé en prison pour une période de dix ans pour avoir violé les lois sur l'informatique et sur le crime de lèse-majesté.

Arrêté en février dans la province de Nakhon Phanom, il était accusé d'avoir utilisé un logiciel pour modifier des images de la famille royale avant de les diffuser sur le web.

«Le suspect a commis un crime sérieux et mérite la punition la plus sévère», a déclaré un greffier en lisant le verdict. «Par conséquent, la Cour le condamne à vingt ans de prison mais, comme il a avoué, la sentence a été réduite à dix ans».

Le condamné, qui était accompagné de ses parents, a éclaté en sanglots.

En janvier, un auteur australien, Harry Nicolaides, avait bénéficié d'une grâce après avoir été condamné à trois ans de prison pour avoir critiqué le prince héritier dans une nouvelle.

En janvier également, Giles Ji Ungpakorn, professeur thaïlandais de sciences politiques, s'était enfui en Grande-Bretagne après avoir été accusé d'avoir insulté la famille royale dans un livre sur le coup d'État fomenté par des généraux en 2006 à Bangkok.

Bhumibol Adulyadej, 81 ans, est le plus ancien monarque en exercice dans le monde. Il est sur le trône de Thaïlande depuis près de 63 ans et est immensément révéré par nombre de ses sujets, éduqués dans le respect de la monarchie.

Le nouveau gouvernement thaïlandais, qui a pris ses fonctions en décembre, a intensifié la répression du crime de lèse-majesté et a notamment bloqué l'accès à plus de 4800 pages web dont les contenus étaient jugés insultants pour la monarchie.