Le maire de Guanajuato, dans le centre du Mexique, s'est attiré les foudres de ses concitoyens et de son propre parti politique, celui du président de la République, en décrétant l'interdiction des baisers passionnés en public.

Le maire, Eduardo Romero Hicks, membre du Parti d'action nationale (Pan, conservateur), a fait approuver l'interdiction cette semaine en conseil municipal, en l'assortissant d'une peine pouvant atteindre 36 jours de prison et une amende de 1 500 pesos (100 dollars, 80 euros environ). La décision a fait scandale, d'autant que la ville est renommée dans le pays pour sa «Ruelle des baisers», où la coutume veut que les couples qui s'y embrassent gagnent sept ans de bonheur.

Le maire a reculé d'un pas vendredi, en annonçant, dans ladite ruelle, que les baisers en public resteraient autorisés, et que l'interdiction ne visait que les «étreintes où les parties intimes se touchent» ou «quand on commence à dégrafer les vêtements», ce qui constitue «un attouchement obscène», a-t-il précisé.

Le Comité directeur du Pan de l'État fédéral de Guanajuato, dont sa ville est la capitale, lui a intimé d'annuler l'interdiction, sous peine de lui faire imposer le veto du gouverneur, voire de l'expulser du parti. Mais il a affirmé qu'il passerait outre.

«En voilà une autre au palmarès du Pan. Comme il y a des années, lorsqu'il a voulu interdire la minijupe», a commenté une élue de l'opposition de gauche nationale, Maricela Contreras, du Parti de la Révolution démocratique (PRD), présidente de la Commission de la parité et de la condition féminine à la Chambre des députés de la capitale fédérale.

Le PRD dénonce une atteinte à la liberté individuelle et a annoncé son intention d'organiser un «marathon de baisers» dans la fameuse ruelle. «Qui vérifiera s'il s'agit de baisers autorisés ou indécents?», a commenté Mme Contreras.

Le Mexique accueille jusqu'à dimanche les VIe Rencontres Mondiales de la Famille, organisées par le Vatican et au cours desquelles les autorités catholiques ont renouvelé leurs critiques contre le mariage homoxesuel, la contraception et l'avortement.