Ses amies l'ont surnommée «Miss Rocky» depuis que Kenia Barreto a troqué il y a quelques mois ses gants de boxes contre des talons hauts pour se préparer au concours de Miss Venezuela 2008, dans la perspective de devenir la première Miss Univers vénézuélienne à la peau noire.

«J'espère devenir la prochaine Miss Univers, la première Miss Univers vénézuélienne noire», explique à l'AFP la jeune femme de 19 ans, souriante et sûre d'elle-même, comptant parmi les favorites du concours Miss Venezuela du 10 septembre, une étape incontournable avant de prétendre au sacre international.

Kenia, évocation évidente de la couleur de sa peau, déjà couronnée Miss Bolivar (État du sud-est du pays), se dit déterminée à faire la conquête du jury du concours national.

«J'aime relever les défis. Pour le moment, j'ai mis de côté les gants de boxe, je veux être mannequin. J'avais commencé la boxe pour savoir me défendre. Puis, j'ai aussi fait de la compétition. J'ai mené trois grands combats, je les ai tous les trois remportés», se félicite Kenia.

Selon Osmel Sousa, président du concours Miss Venezuela depuis 1981, la couleur de la peau n'a pas d'incidence sur l'élection d'une Miss. Dans l'histoire de la compétition, deux jeunes métisses ont déjà porté la couronne de Miss Venezuela, en 1998 et 2005.

«C'est la plus belle qui gagne. S'il s'agit d'une noire, et bien c'est celle qui sera sacrée. Il n'y a pas de préférence accordée à la couleur de peau», affirme M. Sousa à l'AFP.

Kenia Barreto assure n'avoir ressenti aucun manifestation de racisme à son égard au sein de l'organisation de Miss Venezuela, où la plupart de ses rivales ont des peaux de porcelaine.

«Je crois qu'une fille noire comme moi a toujours un impact, il mes semble que nous offrons une résonance que les blanches n'ont pas. Mais il est exact aussi que lors du concours de beauté dans mon État, j'ai entendu dire qu'une noire ne pouvait pas représenter Bolivar», confie-t-elle.

Au cours du mois et demi passé, la jeune femme a perdu 16 kilos, en suivant un régime très strict mais affirme n'avoir nullement eu recours à la chirurgie pour quelques retouches esthétiques.

Le seul changement substantiel qu'elle ait autorisé sont le port de lentilles de contact qui colorent son regard d'un profond gris perle et donnent à son visage un certain air félin.

En outre, la jeune femme a dû travailler sa gestuelle et ses poses, abandonnant ses manières de boxeuse, pour trouver une allure plus appropriée à une reine de beauté. «Je me suis exercée à monter et descendre des escaliers au moins 15 fois perchée sur de hauts talons, sans regarder par terre. Ma grande peur c'est la chute», admet-elle.

«Il n'y a pas longtemps encore, avant de monter sur scène, j'en ai entendu qui disaient : +Celle-là ne supporte pas les talons.+ Alors je me suis haussée sur des chaussures de 12 centimètres. Et me voilà», conte-t-elle avec fierté.

La discipline requise pour le concours est comparable à un entraînement militaire en terme d'exigence. Les journées sont vouées à des cours de gymnastique, des leçons de diction, à la scène, à la danse, à des soins du corps et des entretiens avec la presse.

Kenia et les autres Miss Venezuela potentielles conservent en mémoire l'exemple de Dayana Mendoza, leur compatriote récemment sacrée Miss Univers 2008, pour supporter leur lot de difficultés et d'épreuves, les ampoules aux pieds, la faim et la fatigue.

«Je sais que je serai parmi les finalistes. J'ai une énergie énorme. Sur scène, je ne ressens aucune peur et je me dis : "je vais en faire qu'une bouchée". La beauté est aussi une question d'attitude», conclut Kenia Barreto.

Le Venezuela qui a donné cinq de ses Miss au concours de Miss Univers et cinq autres au concours de Miss Monde, est perçu comme l'un des principaux réservoirs de reines de beauté au monde.