(Montréal) Un appel à régulariser toutes les personnes migrantes, sans exception, a été lancé à Montréal, samedi, dans le cadre d’une mobilisation pancanadienne afin que nul ne soit laissé-pour-compte en temps de pandémie.

Des manifestations se sont aussi déroulées à Toronto, à Vancouver et à Halifax. Dans la Ville-Reine, les manifestants se sont présentés devant l’édifice où est situé le bureau du ministre fédéral de l’Immigration Marco Mendicino.

« Tout le monde est essentiel ! » est l’un des slogans de la manifestation convoquée en avant-midi à la place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal, par le réseau Solidarité sans frontières, en collaboration avec divers groupes de femmes, ainsi que de défense des droits des locataires et des travailleurs.

Il n’y a pas que les demandeurs d’asile ayant travaillé dans le domaine de la santé qui méritent une reconnaissance, ont fait valoir les militants derrière ce rassemblement.

PHOTO CHRIS HELGREN, REUTERS

Une manifestation a eu lieu à Toronto, devant le bureau du ministre fédéral de l’Immigration Marco Mendicino, pour demander la régularisation de toutes les personnes migrantes.

À la fin mai, le premier ministre du Québec, François Legault, avait annoncé avoir demandé au ministre de l’Immigration de l’époque, Simon Jolin-Barrette, de « regarder les cas un par un » et voir s’il serait possible de qualifier ces « anges gardiens » comme immigrants. Son homologue fédéral, Justin Trudeau, avait pour sa part laissé savoir que le gouvernement canadien était déjà à l’œuvre en ce sens.

Mais au-delà de ces migrants héroïsés pour leur travail en CHSLD, entre autres, plusieurs sans-papiers, étudiants internationaux, travailleurs étrangers temporaires et autres demandeurs du statut de réfugié se sont également retrouvés sur la ligne de front, souligne-t-on.

Ceux que les gouvernements envisagent de régulariser se sont simplement trouvés au « bon endroit, bon moment », fait valoir Farid, un sans-papiers originaire d’Algérie, qui a préféré taire son nom de famille.

« On est en train de jouer avec notre avenir, avec notre vie », explique celui qui travaille depuis neuf ans en entrepôt dans l’industrie alimentaire.

J’ai peur, mais je n’ai pas le choix d’aller travailler. Ils comptent sur moi.

Farid, un sans-papiers originaire d’Algérie

Selon l’un des organisateurs de la marche, plusieurs participants ont pris le risque de nuire à leurs démarches d’immigration, samedi, en venant exprimer leur « sentiment d’être délaissés ».

« C’est vraiment une situation compliquée que les immigrants comme moi vivent, qui ne reçoivent aucune aide, comme s’ils ne le méritaient pas ou comme si les autres le méritaient plus », fait valoir le demandeur d’asile sénégalais, établi au Québec depuis trois ans.

Celui qui emprunte le prénom Abdoul, par crainte d’être déporté, avance qu’un « traitement humain » est pourtant tout ce qu’ils revendiquent.

Sans accès aux prestations gouvernementales et avec une couverture limitée des soins de santé, ceux qui ne détiennent pas la résidence permanente se trouvent dans une position hautement vulnérable face à la crise sanitaire.

Après 13 ans passés dans la précarité au Québec, Farid croit avoir perdu son temps en quête d’une vie meilleure.

« Je me suis intégré. Je suis jeune. Je parle la langue. Si je vous croise dans la rue, vous n’allez même pas sentir que je suis sans-papiers. »

« Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? »

À Toronto, une centaine de manifestants ont collé des affiches de Juan Lopez Chapparo, de Bonifacio Eugenio Romero, et de Rogelio Munez Santos – trois travailleurs migrants morts après avoir contracté la COVID-19 en juin sur une ferme ontarienne – sur les fenêtres du bureau du ministre Mendicino.