Tristesse, stupeur et indignation : la fermeture totale ou partielle de trois centres YMCA à Montréal a causé beaucoup d’émoi parmi les habitués de ces établissements.

Le YMCA du Complexe Guy-Favreau, à Montréal, fermera ses portes à la fin de l’année. Les volets d’activités physiques et aquatiques des centres Hochelaga-Maisonneuve et Pointe-Saint-Charles du YMCA prendront également fin le 31 décembre 2019.

Au YMCA Hochelaga-Maisonneuve, la fin des activités du centre ne laissait personne indifférent, jeudi en fin d’après-midi. Beaucoup ont accueilli la nouvelle avec des pleurs. Ils en discutaient avec colère à l’entrée de l’établissement.

Pour la majorité d’entre eux, le YMCA est la seule option abordable dans leur quartier offrant des services de qualité et un sentiment d’appartenance.

« Ça fait 20 ans que je viens ici », soupire Michèle Robillard, résidante d’Anjou. Fini la natation et les cours de zumba pour cette dynamique septuagénaire. Quatre fois par semaine, elles et ses amies se réunissent pour profiter des activités sportives et communautaires. « C’est un milieu de vie qu’on perd. On dirait qu’ils abandonnent les gens de l’est de Montréal à faible revenu », se désole-t-elle.

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Michèle Robillard et Batista Elisa, des habituées du YMCA Hochelaga-Maisonneuve.

« Quelle déception. Ce sont les familles à faible revenu qui écopent », pense Batista Elisa. Elle fréquente l’établissement trois fois par semaine depuis 1998. Aucune institution n’offre des services et un esprit communautaire et d’inclusion similaires à ceux du YMCA, dit-elle.

L’air désemparé de Diane Laganière, venue au centre pour s’entraîner, en disait long sur sa réaction concernant la fermeture partielle. Pour les personnes âgées ou vivant avec un handicap, les solutions de rechange sont peu nombreuses dans l’est de la ville. Ces groupes, selon Mme Laganière, seront les plus affectés par cette fermeture inattendue. « Dans mes cours, il y a des gens aveugles, autistes, d’autres qui vivent avec le syndrome de Down. Où vont-ils aller pour recevoir un service adapté dans le quartier ? Ils ne pourront pas tous se déplacer dans d’autres YMCA. C’est dommage. Je suis très en colère. »

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Diane Laganière, une utilisatrice du YMCA Hochelaga-Maisonneuve.

Le centre YMCA de Pointe-Saint-Charles était particulièrement achalandé jeudi soir. Des familles, des groupes d’adolescents et des personnes âgées évaluaient leurs options futures pour leurs cours de danse ou encore leurs séances de natation quasi-quotidiennes.

Stephanie Adamczewski peinait à cacher sa fureur. La résidante de Pointe-Saint-Charles a appris la nouvelle jeudi soir et s’est mise à pleurer.

Sa fille Zoé fréquente l’établissement depuis quatre ans. Elle a bénéficié du service de garde, des cours de yoga et de nombreux camps de vacances, permettant à la mère de famille d’aller travailler en toute quiétude. « Je ne sais pas comment je vais faire. Les jeunes viennent ici au lieu de passer des après-midi dans la rue sans surveillance », a-t-elle expliqué à La Presse.

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Stephanie Adamczewski et sa fille Zoé, qui fréquente le YMCA de Pointe-Saint-Charles depuis quatre ans.

Les familles du secteur vont beaucoup souffrir, principalement celles à faibles revenus, pense-t-elle. Mme Adamczewski fait partie des rares parents de son quartier à avoir un emploi stable et un salaire régulier. « C’est bien beau de construire des condos dans le Sud-Ouest de l’île, mais les familles qui vivent ici ont besoin que le YMCA reste tel qu'il est. »

Coûts élevés et renouvellement

Dans le cas du YMCA Guy-Favreau, situé dans le quartier Chinois et près du Vieux-Montréal, la hausse vertigineuse des coûts de rénovations a mené à la fermeture de l’établissement. Le coût des rénovations, d’abord estimé à un demi-million de dollars, aurait presque triplé dû à la flambée des prix dans le secteur de la construction. Les programmes Gym alternatif ainsi que les activités physiques et aquatiques seront relocalisés vers le YMCA Centre-ville.

Le YMCA a rappelé n’avoir aucune intention de quitter les quartiers de Pointe-Saint-Charles et Hochelaga-Maisonneuve. On parle plutôt de « renouvellement de la formule et la programmation, dans des espaces de différentes tailles », dans un communiqué transmis jeudi. Les programmes jeunesse et communautaires seront graduellement réévalués et relocalisés.

« Peu importe la forme que prendra notre présence sur le territoire, un YMCA sera toujours un point de rencontre accueillant, sécuritaire et inclusif », a affirmé Stéphane Vaillancourt, président-directeur général des YMCA du Québec.