Plusieurs des employés de la Ville de Montréal qui sont intervenus lors des inondations du printemps 2017 ont dû être suivis pour du stress post-traumatique. Les longues heures à travailler dans des conditions difficiles et à côtoyer la détresse des sinistrés ont durement touché leur moral.

En 2017, 93 employés de la métropole ont fait appel aux «services d'intervention post-traumatique» offerts par la Ville en vertu de son programme d'aide aux employés. C'est nettement plus qu'en 2016, alors que 50 employés avaient fait appel à ce service.

Cette hausse est directement attribuable à la crue printanière de 2017 qui avait forcé de nombreux employés à travailler sans relâche pendant plusieurs semaines. «L'augmentation du nombre d'interventions s'explique par les importantes inondations ayant affecté plusieurs régions du Québec, dont Montréal, au printemps 2017», indique le bilan 2017 du programme d'aide aux employés de la métropole.

La détresse des sinistrés aurait grandement pesé sur le moral des employés, constate la Ville. «Le soutien psychologique s'est révélé particulièrement important pour les employés qui ont prêté main forte pour limiter les dégâts de cette catastrophe naturelle et qui, par le fait même, ont côtoyé quotidiennement tous ces citoyens vivant une grande détresse», poursuit le rapport.

Selon les données du programme d'aide, 44 cas de stress post-traumatique sont liés à «une catastrophe naturelle ou humaine», soit tout près de la moitié des cas d'interventions post-traumatiques réalisés l'an dernier. Aucune intervention pour cette cause n'avait été recensée dans les années précédentes.

Dans son bilan des interventions réalisées lors des inondations, Montréal avait d'ailleurs noté que ses employés avaient eu besoin d'aide psychologique, mais que plusieurs n'avaient pu en recevoir.

«Lors d'un prochain sinistre de cette ampleur, il sera important de s'assurer que chaque employé des arrondissements, villes liées et services centraux reçoive l'aide nécessaire.»

La soudaine crue des eaux au printemps 2017 avait touché 291 municipalités dans tout le Québec, et pas moins de 5300 résidences s'étaient trouvées inondées. Montréal avait été tout particulièrement touché alors que 1180 immeubles situés dans 150 rues avaient été touchés.

Les inondations ne sont évidemment pas les seules causes de stress post-traumatique. Une trentaine d'employés disent avoir été exposés à des événements traumatisants, sans en préciser la nature. Parmi les autres causes citées, une dizaine d'employés ont consulté après avoir perdu leur poste ou ressenti les effets de compressions à la Ville. Quatre personnes ont été secouées par un suicide ou un meurtre survenu en 2017. Un employé a aussi consulté après avoir été victime d'un vol à main armée avec violence.

Aussi durement touchée par les inondations, la Ville de Laval a indiqué que seulement deux de ses employés ont rapporté vivre des problèmes de stress post-traumatique en 2017. Impossible toutefois de savoir si leurs troubles sont liés à la crue des eaux ou à d'autres événements. Laval avait mis en place une ligne téléphonique de soutien psychologique à ses employés lors des inondations pour tenter de prévenir les difficultés, précise Sarah Bensadoun, porte-parole de la Ville.

Hausse des problèmes de santé mentale

Par ailleurs, le bilan 2017 du programme d'aide aux employés s'inquiète de la croissance du nombre de demandes d'aide pour des problèmes de santé mentale jugés urgents. Pas moins de 422 cas ont été recensés l'an dernier, principalement des gens aux prises avec un problème d'anxiété (212), de dépression (166) et des risques de suicide (18).

La hausse des problèmes d'anxiété est particulièrement marquée : ils ont augmenté de 28% par rapport à l'année précédente.

«La fréquence de problèmes de santé mentale urgents est relativement élevée», note la firme Morneau Shepell, qui gère le programme d'aide aux employés. Celle-ci recommande à la métropole de «revoir [la] stratégie en santé mentale et d'envisager de mettre en place un programme de formation en santé mentale à l'intention [des] gestionnaires».

Morneau Shepell ajoute que Montréal reçoit relativement peu de demandes d'aide par rapport au nombre de congés de maladie ou d'invalidité. Les quelque 21 000 employés de la métropole ont formulé 3846 demandes d'aide en 2017, une légère diminution par rapport à l'année précédente. C'est donc 17,8% du personnel de la Ville qui s'est prévalu de ce programme, en deçà de la moyenne de 20% dans des organisations comparables.

À noter, la majorité des utilisateurs (62%) du programme d'aide sont des femmes, alors qu'elles ne représentent pourtant que le tiers des effectifs de la métropole.