Une surface de 35 000 pieds carrés, un plafond de verre de 50 pieds de large sur 165 pieds de long, un jardin intérieur baigné de lumière naturelle, une brasserie, une izakaya, un bar, une ruelle bordée de kiosques de bouffe... La nouvelle foire alimentaire de la Place Ville Marie réservera bien des surprises. Coup d'oeil sur ce projet de 200 millions de dollars qui sera inauguré dans un an.

UN LIEU DE VIE 

Le lieu a été entièrement redessiné par Sid Lee Architecture et A5 Hospitality pour attirer les gens d'affaires de la Place Ville Marie, mais aussi les touristes et les Montréalais. But de l'opération ? Se moderniser. Rester dans le coup. « On s'est rendu compte que l'expérience ne correspondait plus aux besoins de la clientèle », explique Bernard Poliquin, vice-président principal chez Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement, qui détient la Place Ville Marie à 100 % depuis 2013. « Les gens recherchent quelque chose d'unique, de particulier, et ils sont prêts à se déplacer. On l'a vu parce que plusieurs occupants de la tour sortent le midi pour aller dans de petits restaurants près de la Place Ville Marie, même à - 35 oC l'hiver. » 

L'IDÉE

Les concepteurs ont repensé les espaces communs de la foire alimentaire de la même façon que WeWork a repensé les espaces de bureau. C'est d'ailleurs à la Place Ville Marie que le géant américain des espaces de travail partagés a loué ses premiers locaux au Canada, au printemps 2016 : trois étages, 74 000 pieds carrés. « WeWork a changé la façon d'utiliser l'espace pour répondre aux besoins des entreprises, affirme M. Poliquin. Ici, on a encore de grandes entreprises, de grandes sociétés, des bureaux d'avocats et des bureaux de comptables, mais même eux sont en train de repenser leurs espaces de bureau. » Résultat : pour suivre la vague, il fallait revoir les espaces communs. Créer un lieu de rassemblement. Impressionner. Divertir. Et surtout, retenir cette clientèle très courtisée.

LA CONCURRENCE

« Le centre-ville est mis sous pression », admet l'architecte Jean Pelland, associé principal chez Sid Lee Architecture. La raison ? « Il y a des offres d'expériences intéressantes en dehors des grands centres. Des pertes d'affluence se font sentir, comme c'était le cas à l'hôtel Le Reine Elizabeth. Les derniers grands travaux de la Place Ville Marie remontent à 1984. L'aménagement public était correct, mais ça ne répondait plus tout à fait aux attentes. » Les travaux pour rénover la Place Ville Marie s'inscrivent dans un vaste projet de revitalisation de 1 milliard d'Ivanhoé Cambridge au centre-ville de Montréal. Outre la construction de la Maison Manuvie, inaugurée en novembre 2017, et la rénovation du Reine Elizabeth, achevée l'an dernier, ce projet comprend la réfection du Centre Eaton (en cours) et de l'esplanade surélevée de la Place Ville Marie. Toutes des propriétés d'Ivanhoé Cambridge.

L'ACCÈS

Avant toute chose, les architectes ont voulu régler la question de l'accessibilité de la Place Ville Marie, qui débouche sur l'avenue McGill College, appelée à devenir piétonne dans un proche avenir. Les accès au stationnement souterrain ont été déplacés pour faire place à des marches menant à l'esplanade (en haut) et à la galerie marchande (en bas). Le nouveau lieu a été conçu en collaboration avec A5 Hospitality, qui se spécialise dans la création et l'exploitation de restaurants et de bars, principalement dans le Grand Montréal. A5 Hospitality possède 18 établissements à Montréal et dans les environs, dont Jatoba, Kampai Garden, Madame Bovary et Flyjin.« L'endroit va devoir vivre le jour et le soir », précise Alex Besnard, cofondateur de A5 Hospitality. « Une de nos forces, c'est la création d'univers. On doit se démarquer. »

Photo fournie par Sid Lee Architecture

Images de l'esplanade de la Place Ville Marie et de la nouvelle foire alimentaire

LE CONCEPT

Élément impressionnant du nouveau design : le toit de verre gigantesque qui va flotter au-dessus d'un jardin aménagé au coeur de l'espace consacré à l'alimentation. « Ce sera discret de l'extérieur, mais impressionnant de l'intérieur », assure l'architecte Jean Pelland. De chaque côté du jardin, on va retrouver des restaurants. À droite, des kiosques pour les gens pressés. À gauche, des restaurants avec des places assises et la possibilité de réserver. Il y aura plusieurs petits restos, un bar, une brasserie, une izakaya, un deli, une pizzéria et un café. « Ce n'est pas un resto-bar. Ce n'est pas non plus un marché ni un jardin. C'est plusieurs restaurants regroupés sous le nom Le Cathcart et un bar appelé Le Biergarden », précise Alex Besnard. On pourra y manger seul à une grande table, prendre un verre le soir ou tenir un événement. « C'est une approche européenne », ajoute-t-il. Fait à noter : il n'y aura aucune enseigne. Que des restaurants offrant des expériences uniques.

LES CHIFFRES

La Place Ville Marie a été construite de 1958 à 1962 au coût de 80 millions. Avec sa tour cruciforme, c'est un des immeubles les plus reconnaissables de Montréal et le quatrième en hauteur. À son sommet, des rayons lumineux balayent le ciel comme un phare. Il a été conçu par les architectes I.M. Pei et Henry N. Cobb. Les tours de bureaux occupent une superficie de 3,4 millions de pieds carrés et abritent 10 000 travailleurs. Elles sont reliées au réseau de métro, à la gare de trains et au réseau piétonnier souterrain de Montréal. Ivanhoé Cambridge, qui détenait une participation de 50 % depuis l'an 2000 dans la Place Ville Marie, en a fait l'acquisition totale en 2013. Montant de la transaction : 400 millions. Sid Lee compte y déménager ses 350 employés en 2019.

Photo fournie par Sid Lee Architecture

Les concepteurs ont repensé les espaces communs de la foire alimentaire de la même façon que WeWork a repensé les espaces de bureau.