L'entreprise britannique Solargise - qui envisage de s'installer sur un terrain où l'administration Plante prévoit un grand parc régional - cherche une solution verte pour satisfaire la Ville. Pendant ce temps, son projet suscite surtout des réactions positives.

UN CAMPUS VERT À 30 %

Solargise propose de réserver 30 % de son éventuel campus industriel à des espaces verts. L'entreprise veut également planter des arbres dans le parc-nature du Bois-d'Anjou, situé au nord du site, où les frênes malades occupent la moitié de la superficie et devront être abattus, rappelle-t-on.

En entrevue avec La Presse mardi dernier, le président de l'entreprise, Rajdeep Basu, a également souligné que les bâtiments qui seraient construits auraient des toits verts. Ces derniers serviront de sites de démonstration pour la nouvelle technologie de panneaux solaires dont les composants de verre sont presque entièrement recyclables.

UN TERRAIN CONVOITÉ

L'enjeu est de taille, car il y a deux projets pour le même terrain. Le premier est l'agrandissement du parc-nature du Bois-d'Anjou, un projet présenté en mai et adopté par l'administration Plante le mois dernier. Le parc-nature prendrait de l'expansion du côté du Club de golf Métropolitain Anjou.

Mais voilà que Solargise dit avoir besoin de 9 millions de pieds carrés (81 hectares), ce qui correspond à la totalité du terrain de golf. Selon M. Basu, il s'agit du site privilégié parmi tous ceux visités, dont certains en Ontario.

LA PORTE « OUVERTE »

André Bouthillier, de la firme de relations publiques National qui accompagne Solargise dans ses démarches gouvernementales, estime que « la porte est encore ouverte » à la Ville de Montréal. D'ailleurs, le document de soutien aux membres du comité exécutif pour la prise de décision, le sommaire décisionnel concernant le parc-nature, va dans ce sens. Le changement apporté « n'a pas d'effet concret à l'égard des tiers tant que la Ville de Montréal n'a pas conclu une entente formelle avec les propriétaires des terrains visés (acquisition, bail ou autres formes d'entente) ».

UN POUMON VERT INDISPENSABLE

Pour le Conseil régional de l'environnement (CRE), il est clair que « Montréal a besoin de projets qui s'inscrivent dans le développement durable », mais les citoyens ont aussi besoin d'un espace comme le parc-nature, « un rare et indispensable poumon vert ». « Il ne faut pas avoir à choisir entre un projet d'espace vert et un autre en énergie propre. Ce serait aberrant et contre-productif pour la collectivité montréalaise », affirme la directrice générale du CRE-Montréal, Coralie Deny. « Il faut trouver un autre lieu pour le projet d'usine », a-t-elle ajouté.

PROJET À L'ÉTUDE

Jusqu'à maintenant, les représentants de Solargise ont exposé leur projet de 2,3 milliards de dollars à deux reprises à la Ville de Montréal. De plus, un rendez-vous a été sollicité avec la mairesse Plante. Une première rencontre a eu lieu avec le président du comité exécutif Benoit Dorais et le responsable des finances, Robert Beaudry, à la mi-juin. Une rencontre a également eu lieu avec le service du développement économique. Publiquement, Valérie Plante s'est bornée mardi à dire que le projet faisait l'objet d'une analyse. Du côté du gouvernement du Québec, Solargise bénéficie d'un accompagnement.

« C'EST AU TOUR DE L'EST ! »

Le candidat du Parti québécois dans Pointe-aux-Trembles, Jean-Martin Aussant, dit être emballé par le projet d'énergie propre de Solargise. Si cela se confirme, cela pourrait être l'occasion de renouveler les industries d'un secteur longtemps délaissé. « Il faudra que l'administration municipale réfléchisse à cela », selon lui. M. Aussant ajoute que lorsque l'on « additionne tous les investissements dans l'ouest de Montréal, avec le REM et l'échangeur Turcot, c'est plus de 15 milliards de dollars. C'est au tour de l'Est d'avoir de bonnes nouvelles » !

BÉNÉFIQUE POUR L'ÉCONOMIE

À la Coalition avenir Québec (CAQ), on se réjouit de l'envergure du projet avec quelque 1000 emplois directs prévus. « Ce projet semble très bénéfique pour l'économie de l'est de Montréal, en plus de ne pas mettre en péril l'écosystème du parc-nature du Bois-d'Anjou. Nous espérons également, si le projet ne peut aboutir à Anjou, qu'il sera au moins réalisé sur le territoire québécois », a réagi Ewan Sauves pour la CAQ.

Les villes de Valleyfield et de Gatineau sont également ciblées pour accueillir l'usine de fabrication et les laboratoires de recherche et développement de Solargise.

Photo Edouard Plante-Fréchette, Archives La Presse

Rajdeep Basu, président de l'entreprise britannique Solargise

photo Graham Hughes, archives La Presse canadienne

Jean-Martin Aussant, candidat du Parti québécois dans Pointe-aux-Trembles