La crise du recyclage se fait ressentir dans les bacs de Montréal alors que les ratés s'accumulent depuis quelques semaines dans Côte-des-Neiges- Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG). L'arrondissement, qui a dû appeler ses cols bleus en renfort pour assurer le service, entend résilier le contrat de son entrepreneur, lequel attribue les retards au centre de tri qui déborde.

« Chaque mardi, je suis nerveuse. Je sais que je vais recevoir plusieurs courriels et appels de citoyens parce que leur recyclage n'a pas été ramassé. Ce n'est pas correct. Les gens paient des taxes et ils s'attendent à avoir leur service », déplore la mairesse de CDN-NDG, Sue Montgomery.

La collecte n'ayant pas été faite la semaine dernière dans plusieurs secteurs, l'arrondissement a dû envoyer dimanche six de ses camions et plusieurs cols bleus pour vider les nombreux bacs de recyclage qui se trouvaient toujours dans la rue.

Exaspérés devant ces nouveaux ratés, les élus de l'arrondissement ont décidé de résilier le contrat de l'entreprise Ricova afin de trouver un nouvel entrepreneur pour assurer la collecte. « Après discussion avec nos services, on a décidé de mettre fin à ce contrat. Une autre compagnie va commencer aussitôt que possible », a indiqué Sue Montgomery.

La collecte risque d'être perturbée d'ici à la fin du mois, prévient la mairesse d'arrondissement.

« Les prochaines trois semaines vont être difficiles, mais je demande tout de même aux résidants de mettre leur recyclage dehors le jour normal. » -  Sue Montgomery, mairesse de l'arrondissement de CDN-NDG

Si les bacs ne sont pas ramassés lundi ou mardi comme prévu, des cols bleus passeront mercredi. Pour ceux dont la collecte a lieu les jeudis et les vendredis, c'est les samedis que la collecte différée aura lieu. Un retour à la normale est prévu vers le 30 juillet, alors qu'un nouvel entrepreneur doit obtenir un contrat.

Les cols bleus affectés à cette collecte d'urgence travaillant en heures supplémentaires, la facture s'annonce salée. Bien que le montant ne soit pas encore connu, l'arrondissement envisage déjà de réclamer à l'entreprise le remboursement de ces frais supplémentaires.

L'ENTREPRENEUR BLÂME LA VILLE

Ricova attribue ses difficultés aux retards importants qu'accusent ses camions au centre de tri de Montréal. L'entreprise affirme qu'elle doit « composer avec plus de 12 heures d'attente par jour de collecte afin de vider [ses] camions de recyclage ». Bien que le centre de tri soit géré par une entreprise pour le compte de la Ville, Ricova estime qu'il revient à la métropole de s'assurer de son bon fonctionnement.

Sue Montgomery n'admet pas ces explications. Elle juge plutôt que la situation aurait davantage à voir avec le bas prix demandé par l'entreprise lors de l'appel d'offres pour assurer la collecte, l'an dernier.

Ricova a décroché en août 2017 un contrat de 2,8 millions pour assurer le service pour trois ans dans tout CDN-NDG. Ce prix était nettement inférieur aux estimations de la Ville, qui s'attendait à payer 45 % de plus.

En fait, les quatre autres firmes ayant participé à l'appel d'offres demandaient beaucoup plus pour faire le travail, leurs soumissions ayant été de 4,6 à 5,7 millions.

À l'époque, Ricova avait « expliqué son prix très concurrentiel par un plan d'affaires visant la croissance de ses parts de marché dans la région métropolitaine », peut-on lire dans le document soumis aux élus à l'époque. L'entreprise avait aussi indiqué qu'elle utiliserait des camions neufs qu'elle achèterait si elle obtenait le contrat.