Après avoir dépensé 700 millions pour sa construction et sa mise en service, en 2014, est-ce qu'on pourrait songer à transformer le train de banlieue entre Mascouche et Montréal en un « mode compatible » avec le Réseau express métropolitain (REM) pour se rendre jusqu'au centre-ville, vu que le train électrique de la Caisse de dépôt ne lui permettra plus de le faire, d'ici cinq ans ?

C'est une des questions auxquelles devront répondre une série d'études qui touchent neuf corridors de transports distincts et qui serviront à donner priorité aux grands projets structurants en vue d'un plan global de développement des réseaux de transports collectifs, prévu pour la fin de 2019.

Le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports, André Fortin, a annoncé que Québec consacrerait la somme de 14,75 millions à l'ensemble de ces études, ce qui laisse à penser qu'une majorité de ces études seront de nature très préliminaire.

La ligne rose du métro, projet chéri de la mairesse de Montréal, le prolongement de la ligne jaune du métro à Longueuil et celui de la ligne orange au nord de Montréal et à Laval font partie des projets étudiés dans le cadre d'un Plan d'initiatives de développement des transports collectifs (PIDTC) proposé par l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) jusqu'en 2021.

LES CORRIDORS À L'ÉTUDE

AXE OUEST DE LA LIGNE ORANGE DU MÉTRO, À SAINT-LAURENT ET À LAVAL

L'idée de prolonger la branche ouest de la ligne orange du métro dans l'arrondissement de Saint-Laurent et le secteur de Cartierville remonte aux années 90. L'implantation du futur Réseau express métropolitain, qui aura une station au pôle intermodal Bois-Francs, à 2 km du métro Côte-Vertu, rend cette idée encore plus logique. Jusqu'à trois nouvelles stations pourraient être construites au sud de la rivière des Prairies. Une fois rendu là, le maire de Laval aimerait bien que la ligne traverse la rivière et s'implante aussi jusque dans le secteur densément peuplé de Chomedey. On parle d'un « mode structurant » dans cet axe. L'étude devrait donc étudier la possibilité d'autres modes de transport que le métro.

LIGNE JAUNE DU MÉTRO À LONGUEUIL

En 2009, une « entente historique » entre les maires de Montréal, Laval et Longueuil a lancé le projet de construire un prolongement du métro dans chacune des trois villes. Neuf ans plus tard, seul le projet de la ligne bleue à Montréal, promis pour 2026, est allé de l'avant. En 2012, des études préliminaires ont été réalisées sur un prolongement de 7 km et de six stations du métro, jusque dans le secteur du boulevard Roland-Therrien, en passant bien sûr par le cégep Édouard-Montpetit. L'annonce d'hier est la première avancée concrète vers un tel projet en plus de cinq ans. Comme dans le cas précédent, une desserte utilisant d'autres modes que le métro (tramway, service rapide par bus) sera examinée.

AXE TASCHEREAU, LONGUEUIL

Il y a un nouvel intérêt autour d'un possible réaménagement de ce boulevard urbain mal-aimé (et franchement laid). Des études sont menées depuis presque 10 ans sur l'impact que pourrait avoir un système de transport structurant (tramway, corridor de bus rapide) pour la renaissance de cette grande artère. Une étude pointera quelques solutions possibles. Le Parti québécois, dans son projet de Grand Déblocage, y prévoit une section d'un grand Tram Express Rive-Sud. La Coalition avenir Québec promet aussi d'y implanter un tramway, dans le cadre de son « Plan de décongestion » de la métropole, déposé il y a une semaine.

LIGNE ROSE

La ligne rose est une nouvelle ligne de métro imaginée par l'administration de la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Elle s'étendrait sur presque 30 km entre Montréal-Nord et Lachine, en passant par le centre-ville, et compterait 29 stations. Une partie de son trajet serait aérien, plutôt que souterrain, entre le centre-ville et Lachine. La mairesse estime que sa construction est la seule solution durable pour désengorger la ligne orange du métro, qui est sursaturée entre Laval et le centre-ville de Montréal. Tout est à faire dans ce projet. Il est donc difficile de cerner la portée des études qui seront réalisées.

TRAIN DE MASCOUCHE

Mis en service en 2014, le train de Mascouche sera amputé d'une partie de son trajet dans quelques années. Il n'ira plus jusqu'au centre-ville de Montréal en raison de l'implantation du futur Réseau express métropolitain (REM). Ce train électrique de la Caisse de dépôt et placement du Québec sera mis en service progressivement à partir de 2021 et aura l'accès exclusif au tunnel ferroviaire sous le mont Royal, que le train de Mascouche doit emprunter jusqu'à la gare Centrale. L'étude, selon le ministre André Fortin, portera sur « la possibilité de transformer en partie ou en totalité l'axe du train de banlieue de Mascouche en un mode compatible au REM ».

VOIES RÉSERVÉES SUR LES AUTOROUTES 10, 20, 30 (RIVE-SUD)

Il existe déjà une voie réservée sur l'autoroute 10, dans l'axe du pont Champlain. Avant les chantiers récents, elle était toujours un des axes de transports collectifs les plus utilisés au Québec (50 000 déplacements au total en pointes le matin et le soir). Le ministre des Transports André Fortin a promis qu'il y aurait aussi une voie réservée dès l'automne prochain sur l'accotement de l'autoroute 30, entre Boucherville et Brossard. Et dans le cadre du chantier de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, on prévoit en aménager une aussi sur l'autoroute 20, de Sainte-Julie jusqu'à Boucherville.

VOIES RÉSERVÉES SUR LES AUTOROUTES 15, 19 ET 440 (BANLIEUE NORD)

Il y a très longtemps que les maires de la banlieue nord réclament des voies réservées aux autobus sur les autoroutes, en particulier sur l'A15, entre Mirabel et Laval. Le projet a été inscrit au printemps dans le Plan québécois des infrastructures. Les voies réservées, a dit le président de l'ARTM, Pierre Shedleur, font partie de ces projets qui pourraient se réaliser rapidement dans le cadre du Plan d'initiatives de développement des transports collectifs (PIDTC) 2018-2021.

PROLONGEMENT DU SRB PIE-IX ET AXE DE LA RUE NOTRE-DAME

Le projet du service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX, dans l'est de Montréal, est en gestation depuis 2009. Sa construction sera lancée dans les prochains mois et le corridor express devrait être en service en 2022. On pense déjà à le prolonger de la station de métro Pie-IX, sur le boulevard Pierre-de-Coubertin, jusqu'à la rue Notre-Dame. Il rejoindrait alors un « projet structurant » dans l'axe de la rue Notre-Dame, qui irait de Repentigny au centre-ville de Montréal. Dans sa plateforme électorale, la Coalition avenir Québec prévoit aménager un tramway le long de la rue Notre-Dame. Dans le Grand Déblocage du PQ, l'axe Notre-Dame fait partie du projet « Tram de l'Est ».

AMÉNAGEMENT URBAIN ET MOBILITÉ ACTIVE

On en parle peu, mais la Communauté métropolitaine de Montréal garde dans ses cartons le projet de Réseau Vélo Métropolitain, qui s'étendrait à terme sur 1000 km dans l'ensemble de la région métropolitaine et assurerait la connectivité entre les réseaux municipaux. Une étude désignera les axes qui faciliteraient l'interconnexion des réseaux de transports en commun et cyclables, notamment en reliant les principaux terminaux, stations ou gares aux réseaux vélo des municipalités.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Pendant la campagne électorale municipale, la mairesse Valérie Plante a défendu le projet d'une nouvelle ligne de métro, la ligne rose, pour désengorger la ligne orange.