L'«heure» de pointe a duré toute la journée, hier, au pont Mercier, entre Châteauguay et l'île de Montréal. Une première journée de grand chantier où les files d'attente se sont allongées sur des kilomètres, des deux côtés du pont. Et ce sera vraisemblablement pareil pendant les deux prochains mois.

Dès 6h30 hier matin, quand les automobilistes en provenance des routes 132 et 138 ont commencé à converger vers le goulot d'étranglement du pont, en direction de Montréal, et à s'entrecroiser au ralenti pour se fondre en une seule et interminable ligne de voitures, le ressac a été ressenti à des kilomètres à la ronde.

À 8h, il fallait compter entre 40 et 50 minutes pour parcourir environ 5 km sur la route 132, à partir de l'intersection de l'autoroute 730 jusqu'à l'entrée du pont. C'était à peu près le même temps d'attente pour franchir la distance entre l'intersection de la route 207 et le pont Mercier par la bretelle de la route 138.

Et ces ralentissements de la circulation, sur la Rive-Sud, ont duré toute la journée. À l'heure du midi, à mi-chemin entre les deux périodes de pointe, on comptait encore entre 25 et 30 minutes de retard pour accéder au pont Mercier à partir de ces deux routes de la Rive-Sud. La circulation tombait au ralenti à 3 km du pont. À 19h, hier, la circulation refoulait encore en amont, sur la Rive-Sud.

Puis, à 13h, ce sont les approches du côté de Montréal qui ont commencé être engorgées. À 16h, il fallait compter jusqu'à 30 minutes pour franchir les 2 km entre l'autoroute 20 et le pont.

La file d'attente s'étirait sur presque 10 km vers l'ouest, jusqu'à la 55e Avenue, dans l'arrondissement de Lachine. Vers l'est, elle allait jusque dans la Petite-Bourgogne, sur l'autoroute 720.

Plus d'une heure après la fin théorique de la pointe du soir, hier, la circulation était toujours au ralenti aux approches du pont à Montréal. Et la circulation débordait de partout dans l'arrondissement de LaSalle.

Cinq dans l'autobus

Bruno Goyette emprunte tous les jours le pont Mercier. Il habite Châteauguay et son employeur est situé sur le boulevard Newman, à LaSalle, juste de l'autre côté du pont. Au fil des ans, il en a connu, des fermetures partielles du pont Mercier avec déviation de la circulation sur une seule voie, à contresens, dans chaque direction. Dès l'annonce de la fermeture partielle du pont jusqu'en août, il savait que ce ne serait pas beau.

Mais ce qu'il a vu dans l'arrondissement de LaSalle, en fin d'après-midi hier, était sans précédent. L'entrée de la rue Airlie qui donne directement accès au pont étant réservée à la circulation des autobus, «toutes les autres intersections des rues locales, à proximité de la route 138 et du pont, étaient bloquées par le trafic».

Les boulevards Newman et LaSalle, les avenues Dollard et Lafleur, les rues Elmslie et Clément étaient noirs d'automobilistes ne sachant plus où aller.

Bruno Goyette a pu observer tout cela de la fenêtre de son autobus. Pour se rendre au travail hier matin, il a pris un autobus du réseau Exo, à Châteauguay, qui bénéficie d'une voie réservée jusqu'au pont sur la route 138. Il a peut-être perdu 10 minutes dans la circulation dense à l'entrée du pont.

Seul bémol : il n'y avait que cinq passagers dans l'autobus qui ramenait M. Goyette sur la Rive-Sud, hier.

«Il n'y a eu aucun effort de communication. Des maires de la Rive-Sud ont dit dans les médias locaux, la semaine dernière, qu'ils n'ont eu aucun préavis du ministère des Transports à propos des entraves prévues tout l'été sur le pont Mercier. [...] C'est un peu la pagaille.»

Fermeture complète

Les travaux entrepris au cours du week-end sont majeurs sur la travée ouest du pont. Ils consistent en une reconstruction complète des garde-fous, qui n'étaient pas sécuritaires, et qui sont doublés depuis déjà quelques années de glissières en béton de type New Jersey. Ces glissières ont dû être ajoutées afin d'empêcher des véhicules lourds de basculer dans le fleuve en cas de collision avec les parapets actuels.

Une fois ces travaux terminés, le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET) pourra rétablir les voies de circulation à leur largeur normale de 3,9 mètres. La vitesse de circulation pourra de plus être augmentée. Pour des raisons de sécurité, elle est actuellement limitée à 50 km/h sur le pont Mercier. À la fin des travaux, elle sera augmentée à 70 km/h.

Ces travaux, confiés à l'entreprise Mohawk Bridge Consortium, devraient coûter 12,7 millions d'ici à la fin d'août.

«C'était une première journée de semaine depuis le début des travaux, explique Martin Girard, porte-parole du MTMDET. On va faire le suivi au cours des prochains jours, mais on ne prévoit pas modifier les entraves prévues. Ces travaux doivent se faire» pour améliorer la sécurité et la fluidité de la circulation sur la plus ancienne partie du pont qui a été inaugurée en 1934, et qui est promise à un remplacement complet au cours de la prochaine décennie.

Le Ministère encourage les usagers habituels du pont Mercier à opter plutôt pour les services de bus du réseau Exo ou pour le train de banlieue de la ligne Candiac pour franchir le Saint-Laurent entre Châteauguay et Montréal.