La Ville de Montréal restituera aux Premières Nations six sépultures autochtones qu'elle conservait, dans un geste de réconciliation.

La mairesse Valérie Plante a profité de la Journée nationale des peuples autochtones pour annoncer qu'elle entendait poursuivre les efforts de réconciliation entrepris par son prédécesseur à la mairie. Parmi les gestes que son administration compte faire, l'élue a indiqué que Montréal accéderait à une demande du conseil de bande de Kahnawake, qui souhaite rapatrier les sépultures autochtones conservées par la Ville.

« Le rapatriement des sépultures autochtones est une question autant éthique, historique que scientifique », estime Valérie Plante.

La métropole dit avoir en sa possession six sépultures autochtones complètes. Ces dépouilles ont été découvertes lors de fouilles archéologiques menées sur l'île. La majorité date de l'ère préhistorique, l'une d'elles ayant 4000 ans.

L'une des sépultures a été découverte pas plus tard que l'an dernier, sur le site de la Maison Nivard-De Saint-Dizier, à Verdun. Fait particulier, elle a été trouvée le cadre d'un chantier-école archéologique avec l'Université McGill. 

Une autre sépulture avait été trouvée au même endroit en 2006 lors de travaux de restauration. 

En 2007, des travaux sur le chemin Queen-Mary avaient permis de mettre au jour trois sépultures. Enfin, la sixième sépulture a été retrouvée sur un important site de fouilles archéologiques, à l'intersection des rues Peel et Sherbrooke. 

Trois des sépultures sont entreposées dans la Réserve des collections archéologiques de la Ville, deux au Laboratoire d'anthropologie de l'Université de Montréal et la dernière chez un consultant.

« On ne pouvait pas se résigner à savoir que des gens de nos peuples se trouvaient sur des tablettes, qu'on les a trouvés un peu partout et qu'on les a mis sur des étagères », confie la cheffe Christine Zachary Deom, du conseil de bande de Kahnawake.

Les sépultures seront mises en terre dans un cimetière historique spécialement aménagé.

Le processus de restitution devrait débuter d'ici un an. Entre-temps, Montréal compte négocier un accord sur la façon de procéder pour restituer ces sépultures. La mairesse indique que de nouvelles pratiques seront mises en place lorsque des sépultures seront trouvées dans des fouilles futures.

Montréal précise que l'idée n'est pas de raviver le débat sur les premiers occupants de Montréal. « C'est surtout une question de dignité humaine que d'avoir ces sépultures enterrées en territoire autochtone », dit Marie-Ève Bordeleau, commissaire aux relations avec les peuples autochtones.

CENTRE CULTUREL

Valérie Plante a aussi annoncé que Montréal soutiendrait le projet d'ambassade culturelle autochtone, en gestation depuis plus de 20 ans, en y investissant 6,2 millions. Ce centre devrait voir le jour sur le quai de l'Horloge, au Vieux-Port.

La mairesse a aussi confirmé la participation de Montréal au premier Sommet provincial entre maires et chefs des Premières Nations.

Par ailleurs, les démarches de Montréal se poursuivent pour changer le nom de la rue Amherst. La mairesse a indiqué que plusieurs nations autochtones avaient proposé des noms pour remplacer le nom du général britannique accusé d'avoir encouragé un génocide. Ces suggestions ont été mises en banque le temps qu'une décision soit prise.

« On ne pouvait pas se résigner à savoir que des gens de nos peuples se trouvaient sur des tablettes, qu'on les a trouvés un peu partout et qu'on les a mis sur des étagères. »

- Christine Zachary Deom, cheffe du conseil de bande de Kahnawake